AU DÉPART, le désir de Paul Laverty, avocat devenu scénariste (dont neuf films avec Ken Loach) d’évoquer l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique et le personnage de Las Casas, prêtre dominicain défenseur des Indiens. Militant des droits de l’Homme, il a eu envie d’aller plus loin et de confronter ce récit à l’histoire contemporaine. Ce sera la guerre de l’eau de Cochabamba, la troisième ville de Bolivie en 1999-2000. Pour financer un barrage et obéir aux injonctions du FMI de faire baisser les dépenses publiques, la concession de l’eau fut attribuée à un consortium à dominante américaine qui fit inscrire dans le contrat un retour sur investissement de 15 % par an et obtint le pouvoir de pomper les nappes phréatiques de la région, ce qui impliquait pour les villageois la perte de contrôle et la menace d’une redevance sur leurs puis et leurs systèmes d’irrigation (d’où le titre, l’eau de pluie devenant en quelque sorte également privatisée). Il y eut des manifestations sévèrement réprimées mais face à une révolte menaçant d’enflammer tout le pays, le consortium et les pouvoirs publics reculèrent.
« Même la pluie » raconte le tournage d’un film sur Colomb et Las Cases, tout près de Cochabamba. L’un des figurants indiens embauchés sur place va se lancer dans la lutte pour l’eau, posant des problèmes pratiques et de conscience au producteur (Luis Tosar, excellent) et au réalisateur (Gael Garcia Bernal). Peut-on, au nom du message du film, qui portera dans le monde la défense des Indiens, ignorer le combat du présent ? Ou doit-on, au risque de ne pouvoir terminer le tournage et de léser tous les participants, se porter immédiatement au secours de ceux qui sont menacés, y compris au risque de sa vie ?
Le scénario et le film de Iciar Bollain dépassent heureusement le manichéisme de la question, aussi intéressante soit-elle, en mêlant habilement ses trois sujets. Chaque personnage doit faire ses choix et l’on sourit de voir l’acteur qui joue le courageux Las Cases trembler de peur tandis que l’ivrogne qui incarne Colomb sera à la hauteur de la grandeur du découvreur de l’Amérique.
La réalisatrice espagnole, compagne de Laverty (rencontré alors qu’elle était actrice dans « Land and Freedom »), a relevé avec panache le défi de la construction à trois niveaux. « Même la pluie » intéresse et émeut. Il a été choisi par l’Espagne comme candidat à l’oscar du meilleur film étranger.
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