INSPIRÉ du best-seller de Tatiana de Rosnay*, « Elle s’appelait Sarah » appartient à la catégorie « tire-larmes ». Parce qu’il parle de la rafle du Vel’ d’Hiv’, d’enfants arrachés à leurs parents, de familles déchirées, de secrets enfouis pendant des dizaines d’années et révélées dans la douleur. Parce que Sarah est le nom de la pire des souffrances et celui de l’espoir. On aurait donc, du point de vue cinématographique, pu craindre le pire. Il n’arrive pas, même si, en de fugaces instants, le mélo se fait trop insistant. Car le scénario est habile et la mise en scène, qui sait se faire elliptique, intelligente.
Résumons. Une journaliste américaine, mariée à un Français et qui vit à Paris depuis 20 ans, est chargée d’un article sur la rafle du Vel’ d’Hiv’, en juillet 1942. Ses recherches la mènent sur la piste d’une petite fille nommée Sarah qui habitait, dans le Marais, l’appartement où sa belle-famille a emménagé en août 1942.
Certes, la coïncidence est facile et l’enquête un peu trop rondement menée. Mais en mêlant intimement le passé - sans en rajouter dans le pathos – et le présent, le réalisateur évite les travers habituels du film historique. Les rebondissements imaginés par Tatiana de Rosnay n’y sont pas pour rien, mais il fallait savoir nuancer le suspense.
Lui-même d’origine juive, avec plusieurs déportés dans sa famille, dont son grand-père, Gilles Paquet-Brenner connaît le poids du passé et a vu ce que cela signifie pour « les vivants, qui doivent apprendre à vivre avec les morts ». Cinéaste éclectique, – « les Jolies choses » et « Gomez et Tavares » – il signe un film qui pèse son poids d’empathie et donne à Kristine Scott-Thomas un rôle fait de pudeur et de profondeur. Un beau mélange.
* Éditions Héloïse d’Ormesson.
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