En quelques années, Emmanuel Meirieu a forgé son esthétique et son éthique du théâtre. Il a toujours privilégié des histoires humaines cruelles. Après « De si beaux lendemains », d’après l’Américain Russell Banks, il a adapté le livre très puissant du grand reporter et romancier Sorj Chalandon « Mon traître ». Ce que nous pouvons appeler son esthétique est de réduire le jeu à des personnes/personnages qui s’adressent directement aux spectateurs, témoignent et les prennent à témoin.
Il en va de même avec « Des hommes en devenir », d’après un livre de nouvelles de Bruce Machart. Nous ne connaissions pas cet auteur. Il est né au Texas. Il a publié en 2011 son premier roman, « le Sillage de l’oubli ». Dans « Des hommes en devenir » (éditions Gallmeister), il donne la parole à des hommes qui ont traversé des tragédies personnelles, ont eu à affronter, dans leurs métiers, des événements terribles. Des hommes simples. Avec du cœur.
Mais ne croyez pas que l’on patauge ici dans le pathétique. Pas de décor, un travail sur la lumière – et quelques secondes de stroboscopie, attention –, le son, la musique, la vidéo, la manière dont les comédiens et le chanteur, cinq hommes, sont vêtus, indiquent quelque chose de leur place dans la société, de leur métier.
Xavier Gallais ouvre la suite des apparitions avec Ray, auteur pour les histoires « Drames de la vie réelle » du « Reader's Digest » et qui a observé un homme pleurant son chien écrasé. Il ferme cette suite avec Dean, qui transporte des hôpitaux aux laboratoires des fragments d’organes à analyser. Il y a aussi Tom, directeur d’une scierie, qui a vu un tout jeune être déchiqueté par une machine à enlever les écorces. C’est Jérôme Derre qui interprète cet homme carbonisé par cet épouvantable accident. On voit aussi Loïc Varraut, Mané, on est suspendu dans une parenthèse de grâce avec Stéphane Balmino qui chante a cappella. On découvre Jérôme Kircher dans une double épreuve, celle quotidienne de son métier d’aide-soignant dans un service de grands brûlés, et celle, intime, d’un bébé à naître qui s’étrangle avec son cordon ombilical.
Ne croyez pas que l’on soit dans le grand guignol. Il n’y a là que de l’humain, de la pudeur, de la tenue, une rigueur du dire, qui est la loi d’Emmanuel Meirieu.
Théâtre de Paris-Villette, à 20 heures du mardi au samedi, sauf vendredi 19 heures, dimanche 16 heures. Durée 1 h 30. Jusqu’au 10 juin (puis en tournée à la rentrée). Tél. 01.40.03.72.23, www.theatre-paris-villette.fr
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