ON SALUE tout d’abord Odile Barski, dont le livre « Never mort » (1) a été élu « Masque de l’année » par l’emblématique maison d’édition. La lauréate est loin d’être une inconnue, qui s’est illustrée comme scénariste notamment de Claude Chabrol. Le livre récompensé est de facture classique, avec un policier qui est une jeune femme et une intrigue où fiction et réel se mêlent. Il nous amène de Saint-Rémy-de-Provence aux Highlands lorsque la famille d’un célèbre metteur en scène décédé s’aperçoit que le cercueil est vide à l’heure de l’enterrement.
À découvrir aussi « la Mort des rêves » (2), prix du Premier roman du festival du film policier de Beaune. Un thriller fantastique signé Do Raze, qui se situe dans une société où chacun, chaque nuit, rêve de sa mort sans savoir pour autant quand elle se produira. Or voilà qu’un flic à la criminelle destiné à succomber à une embolie pulmonaire, a sauté d’un toit. Se pourrait-il qu’il ait trouvé le moyen de faire muter les Rêves ?
Ballade mexicaine
La réalité d’Elmer Mendoza, celle qui règne dans la ville mexicaine qu’il décrit dans « Balles d’argent » (3), est glauque et violente. Son style sec et incisif nous place dans la tête même des personnages mais l’humour tempère le désespoir. L’inspecteur Edgar Mendieta, dit le Gaucher, enquête sur le meurtre d’un avocat très connu aussi pour sa vie dissolue et fils d’un ancien ministre retrouvé la tête perforée d’une balle en argent. Parce qu’il est le seul peut-être à n’avoir rien à perdre, il ira au bout de cette affaire, qui le conduit aussi bien aux caïds de la drogue qu’aux pontes de la politique et aux membres d’une étrange fraternité.
Allegretto
Dixième livre et premier polar de Yaël König, la fondatrice des éditions Yago, « Pizzicato » (4) s’adresse aussi aux amateurs de musique classique. L’assassinat d’un célèbre violoniste puis quinze ans plus tard celui d’un ténor, avant d’autres meurtres ainsi qu’une poupée mutilée, sont les pièces du puzzle qui guident le jeune inspecteur Nathan Godfine de Nice à Vérone, dans les coulisses de l’opéra et du travail des luthiers.
Dans les bas-fonds du Cap
Le Sud-Africain Roger Smith a troqué sa casquette de cinéaste pour un premier livre écrit dans la plus pure tradition du roman noir, « Mélanges de sang » (5). Il nous propose une plongée en apnée dans les bas-fonds du Cap, sanglante et impressionnante. Réfugiés en Afrique du Sud, avec sa femme enceinte et son fils, après un hold-up meurtrier, Jack Burn tue deux petites frappes d’un gang venues les agresser chez eux. Le vieux veilleur de nuit a tout vu mais il ne dira rien. Jusqu’au jour où un flic corrompu, flairant la bonne affaire, l’interroge, sans savoir qu’il est lui-même sous la surveillance d’une enquêteur zoulou qui veut sa tête.
Higgins Clark mère et fille
Jamais en manque d’inspiration depuis plus de trente ans, Mary Higgins Clark revient avec un nouveau suspense, « Quand reviendras-tu ? » (6). Le portrait d’une femme aux abois, dont le petit garçon a été enlevé dans Central Park. La police finit par la soupçonner d’avoir organisé le kidnapping. Tout concourt à la faire accuser. Seule contre tous, elle tente de se disculper et surtout, de retrouver son enfant.
Jamais loin, Carol Higgins Clark, la fille de Mary, publie une nouvelle enquête de Regan Reilly, « Tempête sur Cape Cod » (7). Elle tourne autour de la disparition d’une sexagénaire récemment installée sur l’île après une violente tempête qui a balayé la région. A-t-elle été emportée par les eaux ou bien kidnappée -car tout porte à croire que la dame n’avait pas que des amis !
Des polars historiques
Plusieurs auteurs entremêlent l’histoire et la fiction. Ainsi de James Patterson - dont on dit qu’il est le romancier le plus lu au monde, devant Dan Brown - qui, dans « Qui a tué Toutankhamon ? » (8), unit ses passions de l’antiquité égyptienne et du thriller. Il réfute la thèse de la mort du pharaon des suites d’une blessure à un fémur consécutive à un accident de char pour celle du meurtre et se lance sur la piste du coupable : sa demi-sœur et épouse Ankhesenamon, Ay, le grand vizir qui lui succéda, ou Horemheb, l’ambitieux général avide de pouvoir ?
Spécialiste, entre autres, de l’Antiquité gréco-romaine, Cristina Rodriguez propose, dans « L’Aphrodite profanée » (9), une nouvelle enquête de son bel héros antique, le chef des prétoriens Kaeso. Alors qu’il est affecté à la protection de la famille impériale, à l’occasion d’un banquet organisé par Claude, l’oncle de Caligula, une statuette de Praxitèle achetée à prix d’or est dérobée et trois corps gisent dans la pièce où elle se trouvait, poignardés.
« Divorce à la chinoise » (10) est la dix-septième aventure du juge Ti imaginée par Frédéric Lenormand. Impossible de résumer les mille et une péripéties dont se joue l’honorable mandarin qui, enfin parvenu à un poste important, se voit sommé de divorcer de sa chère madame Première et d’épouser une princesse de la famille impériale fervente adepte du feng shui !
« Les Croix sanglantes » (11) est un polar médiéval de Paul-François Loreh, lequel explore depuis vingt ans l’histoire de l’Ordre du Temple. Entre suspense et rigueur, raison et superstition, il déroule l’enquête du chevalier Gondemar, après une série d’assassinats qui frappe l’entourage des Templiers de Payns. Les victimes ont toutes une croix tracée sur la poitrine avec leur propre sang, la marque du fantôme du bois des Fontaines, un tueur qui a sévi plusieurs années auparavant.
Deuxième volet, après « la Valse des gueules cassées », de la trilogie où Guillaume Prévost met en scène les enquêtes de François-Claudius Simon, « le Bal de l’équarisseur » (12) nous ramène en juin 1919. Alors que le monde attend la conclusion du traité de Versailles et la paix, plusieurs meurtres s’enchaînent où chaque cadavre porte un billet appelant au retour de la Grande Boucherie. Il ne fait aucun doute que Clemenceau lui-même est visé.
(1) Editions du Masque, 283 p., 6 euros.
(2) Editions du Masque, 251 p., 6 euros.
(3) Gallimard, 264 p., 17 euros.
(4) Yago, 290 p., 19 euros.
(5) Calmann-Lévy, 306 p., 20,50 euros.
(6) Albin Michel, 437 p., 22,50 euros.
(7)Editions Albin Michel, 291 p., 19,50 euros.
(8)Editions L’Archipel, 279 p., 19,95 euros.
(9)Editions du Masque, 281 p., 17 euros.
(10) Fayard, 269 p., 16 euros.
(11) Pygmalion, 295 p., 19,90 euros.
(12) Fayard, 280 p., 17 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série