Julie Timmerman est une artiste passionnante. Elle a été, au cinéma, une très jeune comédienne charmante. Elle a grandi en talent et sagesse, plutôt du côté du théâtre. Elle a joué, mis en scène, créé une compagnie. Elle s’est mise à l’écriture. Avec un sens profond de la scène.
Sa pièce « Un démocrate » (dont le texte vient d’être édité par C&F éditions), parlait de l’Américain Edward Bernays (1891-1995), « le petit prince de la propagande », un stratège brillant de la communication, un maître en manipulation, le pape sinon le papa de tous les publicitaires…Pour dire brièvement et abruptement.
Avec « Bananas (and Kings) », Julie Timmerman choisit de s’intéresser à un moment très particulier de l’histoire du capitalisme, de l’histoire des États-Unis et des relations du pays avec l’Amérique Centrale, et au-delà.
L’auteure a beaucoup travaillé. On devine dans ce spectacle très fluide qui dure 1h50, avec des côtés western, des côtés bande dessinée, une manière de découper le récit très efficace, qui n’est pas sans rappeler l’art de Stefano Massini dans « Chapitres de la chute » ou la saga des Lehman Brothers. Julie Timmerman est une dramaturge de haut talent qui sait raconter à la manière de Brecht.
Dans « Bananas », quatre comédiens seulement, deux femmes, Julie Timmerman elle-même et Anne Cressent, deux hommes, Mathieu Desfemmes, Jean-Baptiste Verquin, pour jouer 43 personnages. On passe d’un rôle à l’autre, d’un travestissement à l’autre, à toute allure. Il y a là, pour le spectateur, un plaisir du jeu, de la performance, qui est consubstantiel à l’équipe et qui se communique au public !
Entourée d’une équipe artistique très talentueuse, au premier rang Pauline Thimonnier et Benjamin Laurent, et des artistes inspirés pour la scénographie, les objets, les costumes, la lumière, le son, la musique, la vidéo, Julie Timmerman imprime un mouvement formidable à la représentation.
On va du XIXe siècle aux années 1950, et en particulier à l’année 1954 au Guatemala, date d’un coup d’État fomenté par la très puissante United Fruit Company avec le soutien de la CIA. On voit, dans la pièce, grandir la société, créée pour faire fortune en cultivant à outrance les bananes.
Fondée en 1899, la United Fruit Company, dont l’héritière est aujourd’hui la Chiquita Brands, ne s’est développée qu’en asservissant les populations autochtones, qu’en employant des pesticides hautement toxiques et qu'en faisant et défaisant les pouvoirs. Une histoire hallucinante magistralement racontée et interprétée. À voir et à partager !
Théâtre de la Reine Blanche, jusqu’au 1 er novembre, du mercredi au samedi à 21 heures, dimanche à 16 heures. Tél. 01.40.05.06.96, reineblanche.com
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