Que Daniel Auteuil soit un grand interprète, on le sait depuis ses débuts. Au théâtre ou au cinéma, depuis près de cinquante ans, il a toujours été remarquable. Avec « le Malade imaginaire », il confirme sa maîtrise magnifique des textes, des rôles, des plateaux.
Daniel Auteuil a déjà joué deux grands personnages de Molière, sous la direction de Jean-Pierre Vincent : Scapin, le valet espiègle, manipulateur et révolté des « Fourberies de Scapin », et, des années plus tard, un Arnolphe douloureux, odieux mais humain, dans « l’École des femmes ». Deux grands souvenirs classiques, d’Avignon à l’Odéon, en passant par Nanterre-Amandiers et des tournées. On était dans le monde du théâtre subventionné.
Cette fois, on est dans un des très grands théâtres privés de Paris : le spectacle peut demeurer à l’affiche plusieurs mois. La production est soignée. Le peintre Jean-Paul Chambas, qui travaille avec Jean-Pierre Vincent, a imaginé un bel espace, dans des tons rouges et orangés, avec de grands rideaux d’un vert de pierre dure, comme l’est la cheminée. Les lumières de Jean-François Robin, les costumes de Charlotte Betaillole, tout est harmonieux et chaud.
Daniel Auteuil est très bien entouré et dirige à la perfection, assisté d’Annette Barthélémy, des comédiens de haut talent, comme Alain Doutey, Jean-Marie Galey, Natalia Dontcheva, ou les jeunes. Ils sont une douzaine au total, excellents, et mériteraient d’être tous cités.
Il y a un personnage essentiel dans « le Malade imaginaire », dernière pièce, dernier rôle pour Molière qui ne termina pas la quatrième représentation et mourut le 17 février 1673. Ce personnage est, comme dans « le Tartuffe », une servante intelligente et dévouée, une femme libre et audacieuse. Daniel Auteuil a confié ce rôle à sa fille Aurore Auteuil, excellente et sensible artiste que l’on avait beaucoup admirée dans « Sahar et Jérémy », qu’elle avait écrit et joué. Ici, elle est formidable d’autorité, de mobilité, d’esprit.
On rit beaucoup. On rit de bon cœur. Molière a du génie, évidemment, et il est ici magistralement servi. Daniel Auteuil est d’une subtilité fascinante. Il ne craint pas ce qu’il y a de farcesque dans la pièce. Mais il est d’une humanité profonde et son Argan, pour ridicule qu’il soit, nous bouleverse. Un homme en proie à sa folie, à l’amour de sa maladie. Les médecins sont moqués, bousculés… Mais c’est pour la bonne cause !
Théâtre de Paris, jusqu'en juin. Durée 1h55. Tél. 01.48.74.25.37, www.theatredeparis.com
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