CINEMA - « Ma compagne de nuit », d’Isabelle Brocard

Dans fin de vie, il y a vie

Publié le 23/03/2011
Article réservé aux abonnés
1311343689238351_IMG_56898_HR.jpg

1311343689238351_IMG_56898_HR.jpg
Crédit photo : DR

« CETTE HISTOIRE est la confrontation de deux corps : l’un solide et plein et l’autre qui peu à peu s’abandonne, se fragilise. » Atteinte d’un cancer généralisé, Julia refuse les soins palliatifs à l’hôpital, elle veut rester chez elle. Marine, jeune fille pleine d’énergie mais un peu paumée, se voit proposer une belle somme pour s’occuper d’elle.

Au début, on craint le pire. Comment parler de la douleur, de l’approche de la mort, de l’entourage familial qui comprend mal et aide moins qu’il n’encombre ? Comment évoquer une situation aussi dramatique sans tomber dans le pathos ? Comment raconter une histoire quand il n’y a pas d’issue ?

Isabelle Brocard et sa coscénariste Hélène Laurent ont trouvé : l’émotion, le suspense sont dans la confrontation entre les deux femmes, l’évolution de leur relation, la transmission. Aucun des deux personnages n’existe sans l’autre, même si l’on en sait plus sur Julia, son entourage familial et affectif. C’est que le caractère de Julia, une femme fière qui ne s’apitoie pas sur son sort, est formé, figé, tandis que celui de Marine est en pleine évolution.

Les deux actrices ont pris leur rôle à cœur, l’une passant du temps dans un service de soins palliatifs à Paul-Brousse, à Villejuif, l’autre s’initiant au métier d’aide-soignante à l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Emmanuelle Béart a maigri et fait presqu’un peu peur, physiquement. Elle joue tout en subtilité. Hafsia Herzi n’a pas hésité à grossir un peu, à la demande de la cinéaste. Elle éclate de vigueur mais sait aussi exprimer les nuances nécessaires.

Présentant récemment le film à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille, Emmanuelle Béart a souligné qu’il avait changé son regard sur la maladie. En cela « Ma compagne de nuit » peut être utile. Mais au-delà du cancer, c’est un film sensible sur ce qui nous fait vivre, les relations avec les autres.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8929