Marilyn, star s’il en est, disparue il y a 50 ans, est le visage du festival 2012. Qui tente, comme chaque année, un savant mélange de valeurs sûres et de nouveautés, de stars et de découvertes, de paillettes et de réflexion. De quoi faire l’événement chaque jour, du 16 au 27 mai, avec la caisse de résonance mondiale de 4 600 journalistes.
* Des choix difficiles
Plus de 1 700 films étaient candidats, 60, venus de 26 pays, composent la sélection officielle, dont 22 candidats à la Palme d’or et 20 dans la section Un certain regard (les autres étant présentés hors compétition ou dans des séances spéciales). Thierry Frémaux, délégué général du festival dit avoir fait « des choix empreints de générosité et de doute », avec une volonté d’universalisme.
Nanni Moretti, le président du jury, palme d’or pour « la Chambre du fils », a prévenu qu’il voulait être « surpris ». « Je vais rechercher le genre de films capables de me surprendre encore, pas le type de films que j’ai déjà vus 5 000 fois », a-t-il expliqué à l’AFP, en indiquant au passage qu’il ne partageait pas l’enthousiasme général pour « The Artist », qualifié par lui de « film facile ». Et il ne cherchera pas un vote unanime, de crainte de « privilégier un film qui ne déplaît à personne, mais dont personne n’est follement amoureux non plus ». Les quatre femmes (les actrices Hiam Abbass, Emmanuelle Devos et Diane Kruger, la réalisatrice Andrea Arnold) et les quatre hommes (le couturier Jean-Paul Gaultier, l’acteur Ewan McGregor, les cinéastes Alexander Payne et Raoul Peck) qui composent le jury 2012 apprécieront.
* Une compétition masculine
Pas de femme en compétition cette année, Jane Campion, avec « la Leçon de piano » restera donc, au moins jusqu’à 2013, la seule réalisatrice détentrice d’une palme d’or. En revanche, plusieurs hommes détenteurs de la récompense suprême sont une nouvelle fois à l’affiche. C’est le cas de l’Autrichien Michael Haneke, récompensé en 2009 pour l’austère « Ruban blanc », qui présente « Amour », avec Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, un couple dont l’union est mise à rude épreuve avec l’accident dont est victime leur fille (Isabelle Huppert). L’Iranien Abbas Kiarostami, primé en 1997 pour « le Goût de la cerise », revient avec « Like Someone in Love », tourné au Japon, et le Roumain Christian Mungiu, distingué pour « 4 mois, 3 semaines, 2 jours », en 2007, signe « Beyond the Hills », à base de possession et d’exorcisme. Sans oublier Ken Loach, palme pour « le Vent se lève », en 2006, qui s’est offert une comédie, sociale, bien sûr, arrosée de whisky écossais, « la Part des anges ».
D’autres valeurs sûres, la plupart ayant figuré à un titre ou à un autre au palmarès, reviennent aussi en compétition. Comme Alain Resnais, qui fêtera ses 90 ans le 3 juin, grand prix du jury pour « Mon oncle d’Amérique » et prix exceptionnel du festival en 2009 pour « les Herbes folles » et l’ensemble de sa carrière ; « Vous n’avez encore rien vu », très librement inspiré de l’« Eurydice » d’Anouilh, réunit Sabine Azema, Pierre Arditi, Mathieu Amalric, Lambert Wilson. Jacques Audiard, dont nul n’a oublié « Un prophète », est présent avec « De rouille et d’os », un mélo avec Marion Cotillard, en dresseuse d’orques, et Matthias Schoenaerts, l’inoubliable protagoniste de « Bullhead ». On est aussi impatient de retrouver le Danois Thomas Vinterberg, qui avait secoué le public avec « Festen » en 1998, en lice avec « la Chasse ». Et le « Cosmopolis » de David Cronenberg, adapté du roman de Don De Lillo, est attendu avec d’autant plus de fébrilité qu’il a pour acteur principal l’ex-vampire héros de ces demoiselles, Robert Pattinson.
Le festival 2012 est aussi celui du retour de Leos Carax, qui, dans « Holy Motors », raconte 24 heures de la vie d’un nommé Oscar (Denis Lavant), tour à tour patron, meurtrier, mendiant... Vus plus récemment à Cannes, les cinéastes exigeants, voire difficiles, que sont l’Autrichien Ulrich Seidl (« Paradis : amour », sur le tourisme sexuel des Européennes au Kenya), le Mexicain Carlos Reygadas (« Post Tenebras Lux »), l’Ukrainien Sergei Loznitsa (« Dans la brume ») devraient aussi faire parler d’eux. De même que l’Italien Matteo Garrone, qui, après « Gomorra », évoque à nouveau Naples, mais dans un registre comique, mettant en scène un poissonnier qui rêve de téléréalité, qu’il voit comme « Un Pinocchio moderne ».
Le festival ne devrait pas s’ennuyer non plus avec « Moonrise Kingdom », de Wes Anderson, choisi pour l’ouverture, fable autour de la fugue de deux adolescents en 1965. Walter Salles, qui avait présenté à Cannes « Carnets de voyage », est à l’affiche cette fois pour « Sur la route », adaptation du livre culte de Jack Kerouac. Jeff Nichols, vainqueur 2011 de la Semaine de la critique avec « Take Shelter », propose « Mud », la rencontre d’un fugitif (Matthew McConaughey) et d’un garçon de 14 ans. Pour la première fois en compétition, Lee Daniels réunit dans « Paperboy », en Floride, en 1969, Nicole Kidman, Matthew McConaughey, encore, et Zac Efron, autre favori des jeunes. Les Australiens John Hillcoat et Andrew Dominik signent aussi des productions américaines. « Lawless », pour le premier, qui se situe durant la Prohibition, avec Guy Pearce et Jessica Chastain. « Cogan, la Mort en douce », un polar avec Brad Pitt, pour le second.
Tandis que l’Europe et les États-Unis se taillent la part du lion, l’Asie n’est représentée que par deux Coréens, Hong Sang-soo (« In another Country », une comédie avec... Isabelle Huppert) et Im Sang-soo (« l’Ivresse de l’argent », un thriller érotique).
Enfin, l’actualité récente crèvera l’écran avec « Après la bataille », de l’Égyptien Yousry Nasrallah, qui évoque les événements de la place Tahrir à travers les mésaventures de l’un des cavaliers des pyramides.
* D’autres têtes d’affiche
Autres retrouvailles avec des cinéastes qu’on aime : Bernardo Bertolucci, qui a souhaité être hors compétition, avec « Io e Te », et Philip Kaufman, auquel un hommage sera rendu, avec « Hemingway & Gellhorn » (Clive Owen et Nicole Kidman). Dreamworks, « ami du festival », présentera son dessin animé 3D « Madagascar 3 : bons baisers d’Europe ». Dario Argento sera en séance de minuit avec son « Dracula » en 3D. Fatih Akin, Claudine Nougaret et Raymond Depardon, Apichatpong Weerasethakul, entre autres, sont au programme de séances spéciales.
« Thérèse Desqueyroux », de Claude Miller, récemment décédé, clôturera la manifestation. Gilles Jacob et Samuel Faure ont réalisé « Une journée particulière » pour le 65e anniversaire du festival. Un documentaire de Laurent Bouzereau évoquera Roman Polanski – dont le prochain film sera consacré à l’affaire Dreyfus.
Xavier Dolan, qui signe son 3e film à 23 ans, Brandon Cronenberg, fils de David, Joachim Lafosse, Sylvie Verheyde (« Confession d’un enfant du siècle », avec Charlotte Gainsbourg et Pete Doherty), Benoît Delépine et Gustave Kervern (« le Grand Soir », avec Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel, qui sortira le 6 juin), le Chinois Lou Ye, l’Argentin Pabrlo Trapero figurent dans la belle sélection d’Un certain regard, dont le jury est présidé par Tim Roth. Comme le Marocain Nabil Ayouch qui, dans « les Chevaux de Dieu », évoque les jeunes gens recrutés par les terroristes pour les attentats de Marrakech.
La Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique sont aussi riches de promesses, signées par exemple Noémie Lvovsky, Bruno Podalydès, Sandrine Bonnaire, Tsai Ming-Liang.
Sean Penn sera à Cannes non pour un film, mais pour une soirée-collecte de fonds pour Haïti, « Carnaval in Cannes ». De même que Bernard-Henry Lévy, pour un documentaire sur les événements de Libye, « le Serment de Tobrouk ». De bien des manières, pendant douze jours, le 7e art évoquera les problèmes du monde, tout en oubliant, ou presque, les siens.
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