Guillaume Musso est le romancier français le plus lu dans notre pays, en tête depuis 2011 du palmarès du « Figaro littéraire ». Avec « la Fille de Brooklyn » (1), il ne déroge pas à sa réputation d'auteur capable de ménager, avec des personnages complexes, un suspense assez dense pour durer l'espace d'un pavé. Ici l'intrigue se déploie sur trois jours, entre Paris et les États-Unis, et avec une plongée dix ans en arrière, autour d'une femme qui a disparu. Son fiancé, un romancier à succès qui s'est retiré de la scène littéraire pour élever seul son fils de 2 ans, et un ami policier retraité mènent chacun l'enquête à sa manière. Un cold case dont les secrets se dévoilent au fil de rebondissements en chaîne et où la notion d'innocence est mise à mal.
Autre stakhanoviste de l'écriture à succès, T. C. Boyle ajoute une pierre au terrible portrait de l'Amérique qu'il dessine de livre en livre. Dans « les Vrais Durs » (2), il s'attaque à la violence qui gangrène son pays à travers trois personnages emblématiques. Un paisible professeur retraité, ancien Marine, qui, après avoir tué à mains nues un voyou qui l'avait agressé, est considéré comme un héros ; son fils, toxicomane et victime d'une forme aiguë de psychose paranoïaque et délirante ; et l'amie de celui-ci, une quadragénaire qui est contre tout et rejette toute forme d'autorité. Des « héros » moins campés pour inspirer la sympathie que pour servir la démonstration sur une Amérique toujours conquérante et sûre d'elle mais qui a oublié ses valeurs d'antan.
Deuxième roman, et le premier traduit en français, de la jeune Catalane Marta Rojals, « l'Autre » (3) retrace six mois de la vie d'un couple victime de la crise économique et de l'usure des sentiments. Le récit est centré sur Anna, une graphiste de 38 ans qui, lorsque son compagnon depuis vingt ans est licencié par son journal, se jette à corps perdu dans le travail afin de conserver leur train de vie – peut-être aussi pour échapper à la monotonie du quotidien. Vaillant petit soldat, impavide d'apparence, elle bouillonne à l'intérieur de rêves et de désirs, qu'elle va réaliser en tombant amoureuse d'un très jeune homme. Un portrait de femme saisissant à l'époque des Indignados et des réseaux sociaux, avec les éternelles questions de la sexualité et de la maternité.
Menaces et mensonges
L'écrivain néerlandais Herman Koch, découvert avec le best-seller « le Dîner » (quatre parents, autour d'une table de restaurant, se déchirent après un crime commis par leurs enfants), n'a rien perdu de sa férocité. Dans « Cher monsieur M. » (4), un certain Herman (!) épie les faits et gestes de son voisin, un écrivain célèbre et vieillissant. Il lui écrit des lettres menaçantes, qu'il n'envoie pas mais qui nous apprennent que le romancier s'était inspiré du drame qui a marqué l'adolescence d'Herman (il a été accusé du meurtre d'un de ses professeurs) pour en faire un best-seller, en arrangeant les faits à sa manière. Un va-et-vient entre présent et passé en forme de règlements de comptes, humour noir et provocation à l'appui.
L'un des personnages de « la Marque et le Vide » (5), de l'Irlandais Paul Murray (« Skippy dans les étoiles »), s'appelle Paul (!). C'est un écrivain sans succès qui a l'idée, pour son prochain roman, de s'inspirer de Claude, un jeune trader français qui s'est expatrié à Dublin pour faire fortune. Comme la crise financière pointe son nez et que la vie trépidante qu'il espérait n'est pas au rendez-vous, Claude accepte d'être le héros d'un roman sur les banques d'investissement… alors que Paul l'a choisi comme parfait spécimen de monsieur Tout-le-Monde. L'originalité du livre vient du décalage entre ces deux hommes, qui évoluent, ainsi que toute une galerie de personnages secondaires plus ou moins loufoques, dans un monde de mensonges et d'esbroufe où les gagnants et les perdants, les riches et les pauvres, sont toujours les mêmes. Une satire des milieux financier et littéraire en phase de désintégration avancée.
Succès fulgurant aux États-Unis puis en Grande-Bretagne, le premier roman de la rédactrice en chef de « Cosmopolitan », Jessica Knoll, débarque en France à point pour l'été. « American Girl » (6) commence comme un récit glamour. Ani, jeune et jolie journaliste branchée et fashion victim dont la préoccupation est de toujours éblouir, concrétise sa réussite en épousant le fiancé idéal. C'est alors qu'elle est rattrapée par son passé lorsque, au lycée, quand elle s'appelait TifAni, elle était déjà prête à tout pour plaire. Au risque de se perdre dans une terreur qui ne l'a plus quittée. L'auteure a déclaré récemment que son roman était en partie autobiographique.
Habituée des livres de l'été, Elin Hilderbrand a situé son quinzième roman sur l'île de Nantucket, où elle vit, et lui a donné un titre évocateur, « la Rumeur » (7). Voici donc deux meilleures amies avec deux maris dévoués et des enfants également charmants, un tableau idyllique qui se fissure et se désagrège sous l'effet des on-dit. L'argent, le sexe, tout y passe et égratigne les grands comme les petits. Et quand les deux amies tentent de démentir, c'est encore pire car c'est alors l'île entière qui bruisse.
(1) XO, 470 p., 21,90 €
(2) Grasset, 442 p., 22 €
(3) Jacqueline Chambon, 295 p., 22,80 €
(4) Belfond, 470 p., 21,50 €
(5) Actes Sud, 360 p., 22,80 €
(6) Belfond, 564 p., 22,50 €
(7) JC Lattès, 369 p., 22 €.
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