* Si « Premier sang » n’a pas été retenu dans la sélection du prix Goncourt (il figure toujours dans la liste du Renaudot, qui sera décerné le même jour, le 3 novembre), le 30e livre d'Amélie Nothomb, tiré à 200 000 exemplaires, comble non seulement ses inconditionnels mais aussi de nouveaux lecteurs attirés par les avis très positifs. À juste titre. Le roman est un hommage à son père mort l’an dernier à 83 ans, qui, loin d’être compassé, est délibérément fantaisiste. Il s’ouvre et se clôt sur une scène où Patrick Nothomb fait face à un peloton d’exécution, à 28 ans. Sauvé in extremis, il revoit sa jeune vie. Son enfance dans les années 1940, délaissé par sa mère, brinquebalé d’une grand-mère maternelle qui le choie à outrance à un grand-père paternel qui le met dans le bain de la « vraie vie », ou plutôt de la survie. Ses premiers pas dans la diplomatie en République démocratique du Congo, où il a contribué, tandis que les rebelles assiégeaient Stanleyville (l’actuelle Kisangani), à sauver la vie de près de 1 500 otages de la communauté internationale. En peu de pages, avec humour et finesse, Amélie Nothomb brosse le portrait attrayant d’un homme qu’elle n’a pas connu puisqu’il s’arrête en 1964, avant sa naissance. (Albin Michel, 175 p., 17,90 €)
* Il est « l’auteur le plus lu en France depuis dix ans ». On n'est donc pas étonné que « l’inconnue de la Seine », le 19e roman de Guillaume Musso, ait été tiré à 400 000 exemplaires. Rien de nouveau dans ce polar mâtiné de mythologie grecque. Roxane Montchrestien, remisée au BANC (le Bureau des Affaires Non Conventionnelles), mène l’enquête après qu’une jeune femme nue et amnésique a été repêchée, dont l’ADN est similaire à celui d’une célèbre pianiste allemande, morte un an plus tôt dans un crash d’avion. (Calmann-Lévy, 416 p., 21,90 €)
* Auteure de sept romans (« les Patriarches »), de pièces de théâtre, scénariste (la série « Mytho »), Anne Berest a construit « la Carte postale », qui figure dans la sélection du Goncourt, comme un thriller, avec une enquête menée d’abord avec sa mère puis par elle-même, pour savoir qui a envoyé et pourquoi une carte où ne figurent que les prénoms de quatre membres de sa famille morts à Auschwitz en 1942. Ses recherches la ramènent dans la Russie des Tsars, que les Rabinovitch ont fuie pour un exil qui les a conduits de Lettonie en Palestine et jusqu’à Paris pendant la guerre. On connaît la suite. Mais pourquoi sa grand-mère Myriam a-t-elle, et elle seule, échappé à la déportation ? Une lecture au double suspense, l’enquête et le destin des ancêtres, alors que l’auteure s’interroge sur son identité juive dans une vie laïque et une France où règne toujours l’antisémitisme. (Grasset, 502 p., 22 €)
* Philosophe, enseignant à l'université de New York, auteur de nombreux essais et biographies, François Noudelmann publie avec « les Enfants de Cadillac » son premier roman, une saga familiale, qui, en brossant les portraits de son père et de son grand-père, nous replonge dans le chaos des deux conflits mondiaux. Le premier, quand Chaïm, après avoir fui les pogroms contre les Juifs en Lituanie, est arrivé en France et s’est engagé afin d’obtenir la nationalité française ; atteint par le gaz moutarde il a passé sa vie en hôpital psychiatrique et est mort à Cadillac. Le second, quand son fils Albert, en 1940, est dénoncé comme Juif, interné dans un camp en Pologne d’où il ne sortira pas indemne. Deux destins en forme d’épopée à travers lesquels l’auteur questionne son identité française. Figurant sur la première liste du Goncourt, le roman en a été éliminé après que Camille Laurens, jurée du prix et compagne de François Noudelman, a publié une critique cinglante du livre d'Anne Berest ; et l’Académie a décidé que désormais « ne pourront être retenus les ouvrages des conjoints, compagnons ou proches parents des membres du jury » et que les jurés devront s’abstenir « de chroniquer les ouvrages qui figurent dans la sélection aussi longtemps que ces ouvrages y figurent ». (Gallimard, 220 p., 19 €)
* C’est aussi avec une histoire familiale où la petite et la grande histoire se répondent que Sorj Chalandon est arrivé en tête du palmarès « Livres Hebdo » des libraires. Longtemps journaliste à « Libération » puis au « Canard enchaîné », ancien grand reporter, prix Albert-Londres, signataire de 9 romans (« Une promesse », prix Médicis, « Retour à Killybegs », Grand Prix du Roman de l’Académie française, « le Quatrième Mur », prix Goncourt des lycéens), l’auteur redessine dans « Enfant de salaud » (également dans la liste Goncourt), la figure paternelle déjà esquissée dans « Profession du père », en 2015. Violent, mythomane, manipulateur, il s’est vanté de ses exploits de Résistant jusqu’à ce que son grand-père révèle qu’il portait l’uniforme allemand. Le romancier Sorj Chalandon entre alors en action, qui met en parallèle le déroulement du procès de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo à Lyon en 1987, qu’il avait couvert en tant que journaliste, et l’ouverture du dossier judiciaire de son père (qu’il a pu consulter en 2020, six ans après sa disparition à l’hôpital psychiatrique du Vinatier). Aux témoignages des survivants, à leur vérité des faits s’opposent les mensonges et faux-semblants d’un homme qui a porté cinq uniformes en quatre ans et n’a cessé de tricher et de berner la terre entière – et son fils. Pour l’auteur « le salaud, c’est le père qui m’a trahi ». (Grasset, 332 p., 20,90 €).
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