LIVRES - Chine, Hongkong, Japon

Des versions romancées de l’Asie

Publié le 29/04/2013
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* Ai Mi a grandi en Chine, vit aux États-Unis et publie sous pseudonyme. « L’Aubépine rouge » (1), inspiré de ses souvenirs, a d’abord été publié clandestinement en Chine sous forme de feuilleton, avec un extraordinaire succès. C’est, sur fond de révolution culturelle, une histoire d’amour entre la fille d’une famille d’intellectuels envoyés à la campagne et le fils d’un général de l’armée, lui-même militaire. Une passion réciproque et impossible en ces temps où l’amour romantique, concept petit-bourgeois par excellence, est sévèrement condamné par le régime. Ai Mi ne cède pas aux sirènes du couplet politique, de la révolte ou de la condamnation, car ici, c’est l’amour qui est la résistance.

* Roselyne Durand-Ruel a vécu plus de vingt ans à Hongkong. Une expérience qui lui a inspiré un premier roman, « l’Héritier » (2), une saga qui court de la fin de la Révolution culturelle à l’avènement de la société capitaliste. Le héros en est un jeune homme que son père, après vingt années dans un camp de travail, a incité à fuir le pays. À Hongkong, d’abord, où il est pris en charge par un oncle à la tête d’un empire financier, puis à Princeton, où il poursuit des études, il prend conscience du choc des civilisations. De retour à Hongkong, devenu « l’héritier », la question du mariage se pose, entre la Cantonaise que lui a choisie sa famille et l’Occidentale dont il est tombé amoureux.

* C’est en Chine, dans les années 1930, que l’écrivain argentin Eduardo Berti (« Madame Wakefield », « l’Inoubliable »), aujourd’hui installé à Madrid, ancre « le Pays imaginé » (3), un roman plusieurs fois primé. Là encore, les personnages commencent à interroger les traditions. Le pays imaginé est celui de la mort, d’où la grand-mère de Ling revient, avec toute sa sagesse ancestrale, pour prodiguer ses recommandations lorsque l’adolescente ressent son premier émoi amoureux, pour Xiaomei, la fille de l’oiseleur du marché. Quand les parents de Ling se mettent en tête de lui chercher un mari, et pour son frère une épouse, elle espère faire entrer son amie dans la famille. Sa quête de bonheur, même au prix du renoncement, sera-t-elle plus forte que les ententes familiales, les mariages posthumes et autres traditions ?

* Les amateurs de romans policiers originaux apprécieront le troisième opus de Diane Wei Liang, « la Maison de l’Esprit d’or » (4), qui se déroule dans un Pékin dévasté par la modernité. L’auteure, née à Pékin en 1966, a connu, avec ses parents, le camp de rééducation, avant de participer au Mouvement des étudiants pour la démocratie et d’émigrer aux États-Unis puis en Angleterre. L’enquête de la jeune détective privée Mei, sur les traces de l’héritier d’un laboratoire pharmaceutique ancestral qui fabrique une pilule très efficace contre les chagrins d’amour, est emberlificotée à souhait. Elle la conduit de Little Russie, un quartier cosmopolite de Pékin où se côtoient mafieux chinois, trafiquants russes et bandits en tous genres, aux quartiers à la mode fréquentés par les nouveaux golden boys chinois.

* Spécialiste des relations internationales (« la Guerre des Bush », « la Face cachée du 11 Septembre », « la Face cachée du pétrole »), Éric Laurent publie, avec « la Conspiration Wao Yen » (5), un thriller financier au scénario tout à fait vraisemblable. Il décrit en détail comment les dirigeants chinois, en signant un accord politique et économique avec les Saoudiens, provoquent l’effondrement des États-Unis et, par voie de conséquence, de l’Europe. De l’effondrement de Wall Street et de l’ensemble des bourses mondiales, à l’arraisonnement des supertankers chinois en provenance du Golfe et au bombardement de Taïwan, la Chine est en passe d’instaurer sa suprématie. Politique-fiction ou roman prémonitoire ?

* Pour son premier roman – très remarqué outre-Atlantique –, Jeff Backhaus s’est emparé de la pathologie appelée au Japon « Hikikomori » (6) et l’a adaptée à un Américain qui, depuis trois ans, après la mort de son enfant, reste confiné dans sa chambre. Pour l’aider à sortir de cet isolement, sa femme fait appel à une « sœur de location », qui, à force de présence et de patience, est chargée de renouer le contact. Entre l’homme brisé et la jeune Japonaise, qui affronte ainsi ses propres démons passés et présents, et tandis que son épouse espère et craint de loin, se noue une relation complexe et ambiguë. L’auteur invite, par le biais de ce trio inattendu, à revisiter les notions d’amour, d’attirance et de sacrifice.

* Auteure d’une trentaine de romans et nouvelles, dont plusieurs ont été adaptés au cinéma, lauréate de dix prix littéraires, Natsuo Kirino est l’un des écrivains les plus populaires au Japon. « L’Île de Tokyo » (7) est une fable, un livre d’aventures et une réflexion cruelle et crue sur les pulsions qui nous animent. Tout se passe sur une île au large des Philippines, habitée par une seule femme, Kiyoko, après que son mari a trouvé la mort, et où une vingtaine de naufragés japonais échouent, bientôt suivis par une deuxième vague de Chinois. Alors que ceux-ci s’organisent pour survivre dans les meilleures conditions, les Japonais passent le temps en de vains loisirs. Une rivalité économique s’instaure entre les deux clans, exacerbée par la présence de Kiyoko, qui tente, elle, de dominer les uns et les autres.

(1) Belfond, 474 p., 21 euros.

(2) Albin Michel, 507 p., 22,50 euros.

(3) Actes Sud, 206 p., 20 euros.

(4) NiL éditions, 428 p., 21 euros.

(5) Flammarion, 389 p., 22 euros.

(6) Anne Carrière, 243 p., 20 euros.

(7) Seuil, 282 p., 22,50 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9238