Classique
Aligner deux soirs de suite, fût-ce en version de concert, « Fidelio » de Beethoven et un programme osant accoupler « Il Tabarro » (« la Houppelande ») de Puccini et les deux derniers actes du « Don Carlo » de Verdi, est un exploit qu’il faut saluer. D’autant que les distributions étaient au niveau des festivals internationaux d’art lyrique et que, malgré les aléas dus aux remplacements de dernière minute, le très haut niveau était respecté. « Fidelio », dirigé avec sa vigueur habituelle mais aussi beaucoup de subtilité par Marc Minkowski, a permis d’entendre une très grande Leonore, la Suédoise Ingela Brimberg, grand soprano dramatique à la personnalité très attachante. Ont suivi Evgeny Nikitin, Robert Gleadow (étonnant de présence en Rocco et remplaçant avantageusement René Pape, souffrant) et Brandon Jovanovich. Le lendemain, c’est Daniel Harding qui dirigeait, avec un bonheur inégal, les deux ouvrages italiens. S’il était à l’aise dans le vérisme pittoresque de Puccini, sa relative inexpérience éclatait dans le chef-d’œuvre de Verdi. Du « Tabarro », on retiendra la formidable prestation de Barbara Frittoli, vibrante Giorgetta et le jeune ténor Thiago Arancam en Luigi. Mais quel final de « Don Carlo » ! Tout le monde y attendait dans le rôle-titre le ténor vedette italien Vittorio Grigolo, qui n’a pas démérité, malgré un côté cabotin un peu lassant. C’est cependant le roi Philippe II qui lui a volé la vedette, en la personne du baryton russe Ildar Abdrazakov, magnifique de ligne vocale et de timbre. Son duo avec l’Inquisiteur, Mikhail Petrenko, aurait été inoubliable si l’orchestre s’était montré à la hauteur des deux chanteurs.
Ce n’est pas chaque semaine que l’on découvre deux voix. Le festival de Verbier permet ce genre de hasard ou de miracle. Le jeune ténor brésilien Atalla Ayan a déjà, à 28 ans, un itinéraire enviable. Sa voix grande, large et première réserve, n’a pas encore acquis la souplesse pour s’adapter à tous les styles, mais quel timbre clair, quasi solaire, et quelle belle conduite de la ligne de chant ! Deuxième surprise, le mezzo-soprano Ekatarina Semenchuk, pour son intervention dans « le Champ des morts » de la cantate « Alexandre Nevski » de Sergueï Prokofiev, qui couronnait le concert russe dirigé par Yuri Temirkanov. Grande voix droite au timbre chaud proche de l’alto, Ekaterina Semenchuk a été aussi très applaudie dans la silhouette épisodique mais haute en couleurs de la Frugola dans « Il Tabarro ».
L’art du violoncelle
Parmi les concerts chambristes, la véritable spécialité de Verbier, les hasards de la programmation ont permis d’entendre à vingt-quatre heures d’intervalle deux violoncellistes originaires de Hongrie, aux extrémités opposées de leur carrière. Le jeune Istvan Vardai, 28 ans, montrait en un récital toute l’étendue de son jeune talent. Très à l’aise dans l’univers mélodique et les magnifiques phrasés de la « Sonate n°2 » de Brahms, il faisait montre d’un contrôle absolu de l’instrument dans la « Suite italienne » de Stravinski et déployait sa virtuosité, sans ostentation, dans l’ « Humoresque » (en fait une diabolique étude) de Rostropovitch. Le lendemain, c’est un grand maître, Miklós Perényi, invité pour des master class à la Verbier Festival Academy, qui donnait un récital de violoncelle seul, abstraction et austérité totales, devant un public mêlant des jeunes étudiants médusés et une poignée d’amateurs très motivés. Et de l’excellence on passait soudain au suprême ! Certes, le maître joue avec un instrument de qualité et d’ancienneté supérieures par sa sonorité, certes, l’expérience et la maturité donnent au jeu une qualité incomparable, mais il reste toujours le mystère d’un si grand talent, capable de délivrer en une heure à un auditoire tétanisé un message aussi complet, fait d’une « Suite » de Bach, d’une œuvre contemporaine de Dutilleux qui explore toutes les possibilités de l’instrument et d’une œuvre qui réunit dans la plus grande évidence tradition et modernité, la « Sonate op. 8 » de Kodaly. Bravo et merci !
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