Madame Potée et Monsieur Chiton sont voisins. Un mur les sépare. Ils sont seuls, très seuls. Elle travaille chez un brocanteur. Il a pris sa retraite tôt, car sa mère lui a laissé un petit pactole. Ils ont des vies bien réglées, mais atrocement tristes. Parfois, ils prennent l’ascenseur ensemble. Leurs relations s’arrêtent là. Mais pas les rêves qu’ils développent l’un à propos de l’autre.
Nabil El Azan, dont on avait tant aimé la mise en scène des « Pâtissières » de Jean-Marie Piemme (déjà avec Christine Murillo), a choisi une pièce ténue et d’une construction délicate. Monsieur Chiton est plutôt du genre sportif. Mais il a un cœur. Madame Potée est une imaginative, qui s’est composé un univers chinois. Une perruque noire, des vêtements de soie, et des baguettes pour couverts.
Cela ne suffit ni à l’un ni à l’autre. Et cela serait peut-être un peu court, n’était la merveilleuse complicité des deux comédiens. Ils ont été, à quelques années d’écart, au Conservatoire. Chacun a suivi sa route. Deux belles routes riches d’aventures théâtrales avec de grands metteurs en scène. Deux belles carrières.
La soixantaine venue, les voilà réunis par un artiste très fin, qui a le sens des nuances. Nabil El Azan a eu raison de choisir ces deux comédiens excellents que sont Jean-Claude Leguay et Christine Murillo. Ils sont épatants. Il y a en eux une fibre comique profonde. Ce sont deux grands clowns. Lui avec sa silhouette fragile et ses mimiques chiffonnées, elle avec son tempérament épanoui, la beauté rayonnante de son visage plein. Mais s’ils savent merveilleusement insuffler du rire dans leurs partitions, s’ils font des deux personnages des êtres cocasses qui nous font rire, ils sont nuancés et sensibles et donnent de l’épaisseur à l’écriture de la Québécoise Évelyne de la Chenelière.
Le texte est un peu fabriqué mais le jeu lui donne du tonus, des couleurs, une originalité. Et des tons tragiques. Deux virtuoses qui nous font même un vrai-faux numéro d’assiettes au bout de tiges. Sans assiettes et sans tiges ! Un moment que l’on a envie de bisser ! Bref, une soirée originale avec deux merveilleux comédiens que le public applaudit longuement.
Vingtième Théâtre, du jeudi au samedi à 19 h 30, dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 15. Jusqu’au 8 mai. Tél. 01.48.65.97.90, www.vingtiemetheatre.com.
Puis à Avignon, au Théâtre des Halles, les 11 et 12 mai à 20 heures.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série