« Chagrin d’école » (1) est un récit très plaisant de Daniel Pennac, ancien cancre devenu professeur aimant et efficace. Publié en 2007, l’ouvrage a reçu le prix Renaudot. Pennac, très doué pour la lecture à haute voix, s’est parfois risqué sur les plateaux de théâtre. Mais pas avec « Chagrin d’école ». C’est un interprète très sensible, Laurent Natrella, qui en signe l’adaptation, la conception et le joue au Studio-Théâtre de la Comédie-Française.
Une classe vue de profil, le bureau du prof et en face ceux des élèves, bureaux de bois aux tubulures métalliques. Pas d’écolier présent mais on entendra des voix enregistrées et on verra sur le grand écran-tableau des mots, des phrases s’écrire magiquement. Laurent Natrella se joue du récit, de ses ruptures, des anecdotes. On sourit, on est saisi d’un sentiment de mélancolie. Sans doute pourrait-on rire encore plus. Car c’est très drôle. Mais l’interprète est encore un peu trop bon élève ! Il pourrait se dissiper plus !
La question de la représentation
Aller au théâtre pour l’entendre attaquer ? C’est l’un des paradoxes de l’adaptation du « Traité contre les spectacles », texte vieux de plus de 1800 ans et qui pourtant nous parle encore. Hervé Briaux a beaucoup travaillé pour construire « Tertullien » (2), du nom de l’auteur. Le Carthaginois, né vers 165 dans une famille berbère romanisée et païenne, se convertit au christianisme et multiplie les textes très stricts sur l’observation des règles.
Hervé Briaux ne prétend pas être strictement fidèle à Tertullien : il respecte la puissance des démonstrations, la rhétorique impressionnante et tranchante, mais il emprunte à des auteurs plus récents (René Char) pour alléger l’âpre traité. Il ne défend pas Tertullien, mais il nous enseigne comment, bien avant Bossuet, Rousseau et d’autres, un homme, cultivé, ayant fréquenté les spectacles, se pose, depuis sa foi chrétienne, la question de la représentation.
C’est très intéressant et jubilatoire, car le « conférencier » Hervé Briaux, sobre, sévère dans son costume-cravate, dit magistralement ce texte fascinant. Patrick Pineau, compagnon de longue date de Briaux au théâtre, le guide avec finesse. Après la représentation, on peut, si on le souhaite, discuter. Des échanges de haute qualité, mais accessibles : il y a parmi les spectateurs des savants qui partagent !
(1) Studio-Théâtre, à 20 h 30, jusqu’au 18 février. Durée 1 h 15. Tél. 01.44.58.15.15, www.comedie-francaise.fr
(2) Poche-Montparnasse, à 19 heures du jeudi au samedi, à 17 h 30 le dimanche. Durée 1 heure. Tél. 01.45.44.50.21, www.theatredepoche-montparnasse.com
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