Marilù Marini est une artiste que le public français connaît très bien. Elle est venue d’Argentine à l’orée des années 1970. Elle a intégré le Groupe TSE, fondé par son compatriote Alfredo Arias. Elle est passée par la danse dans sa jeunesse, de Buenos Aires à New York, elle est comédienne. Sublime dans le tragique, irrésistible dans le comique, elle interprète le texte d’un autre Argentin que la France a beaucoup aimé, Copi. Il fut connu notamment par sa bande dessinée « la Femme assise » dans « le Nouvel Observateur », et par ses pièces fantasques et fantastiques, montées par Jérôme Savary, Jorge Lavelli, et Arias.
Mise en scène par Pierre Maillet, qui a étoffé « la Journée d’une rêveuse » (1), qui date de 1966, de fragments de « Rio de la Plata », texte autobiographique de Copi, Marilù Marini fascine par sa capacité à changer de registre, à être grave, puis à faire le clown, toujours émouvante. Elle rappelle le personnage de Winnie dans « Oh les beaux jours », de Samuel Beckett, qu’elle a interprété. Sur le plateau, un pianiste subtil, Lawrence Leherissey, et off, des voix, parmi lesquelles celle de Michael Lonsdale, si doux et si persuasif, venu du ciel.
On aimait Copi, sa sensibilité, sa fantaisie. Souvent il jouait lui-même ses pièces (« le Frigo », par exemple). Il écrivit « Une visite inopportune », un homme est en train de mourir du sida, dans une chambre d’hôpital. Lui-même mourut ainsi, en décembre 1987. Il avait 48 ans.
Des désaxés
L’Irlandais Colm Toibin est considéré comme un des grands écrivains contemporains. Romans, nouvelles, tentatives pour le théâtre. « Le Testament de Marie » (2) est un monologue. Il en avait composé une première version, puis un roman, puis une nouvelle adaptation.
Deborah Warner a dirigé Fiona Shaw à Broadway, puis à Londres. Aujourd’hui, elle dirige Dominique Blanc, pensionnaire de la Comédie-Française, sur la scène de l’Odéon. Une double production qui se traduit par une scénographie démesurée et, à nos yeux, contre-productive.
Un décor que le public est invité à visiter, montant sur le plateau, avant que ne commence la représentation. Au centre, dans une cage de verre, immobile, dans une robe rouge et un voile bleu, est Marie/Dominique Blanc. Mais c’est en pantalon et tee-shirt informe de femme qui nettoie sa maison d’Éphèse, qu’on la retrouve.
Marie raconte. Elle parle des compagnons de son fils comme de « désaxés », on suit les épisodes de la Passion. Mais le texte n’est en rien puissant ou dérangeant. Il est facile, bavard. Deborah Warner y entend les fils qui, aujourd’hui, s’arrachent à leurs familles pour suivre des chemins dangereux. Dans une salle plus petite, sans aucun décor, avec le seul talent de l’interprète, ce texte nous toucherait beaucoup plus et Dominique Blanc serait au plus près d’elle-même.
(1) Théâtre du Rond-Point, du mardi au dimanche à 18 h 30. Durée 1 h 20. Jusqu’au 21 mai. Tél. 01.44.95.98.00, www.theatredurondpoint.fr
À lire « Marilù Marini, chroniques argentines » par Odile Quirot, les Solitaires intempestifs (14,50 €)
(2) Odéon, jusqu'au 2 juin. Du mardi au samedi à 20 heures, dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 20. Tél. 01.44.85.40.40, www.theatre-odeon.eu
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