POUR la plupart des spectateurs, il n’y a guère de suspense. Ils savent que l’Afrique du Sud a gagné la coupe du monde de rugby en 1995. Ce jour-là, le président Mandela est arrivé vêtu du maillot vert et or des Spingboks, casquette de mêmes couleurs sur la tête, et la foule s’est tue d’un seul coup. Ce jour-là, le militant de l’ANC, enfermé pendant 26 ans sur l’île de Robben Island, libéré en 1990, négociateur de la fin de l’apartheid, prix Nobel de la paix en 1993 avec Frederik de Klerk et élu à la présidence en 1994 lors des premières élections multiraciales, peut être satisfait. Ce n’est pas seulement une victoire sportive, c’est le symbole de la réconciliation des Noirs et des Blancs.
Car l’année précédente encore, les Springboks, adulés par les Afrikaners, les descendants des premiers colons européens qui ont institutionnalisé la ségrégation raciale et maintenu Mandela en prison, étaient haïs des Noirs. Comment l’habile et courageux président va réussir à en faire les idoles de tout un peuple, c’est ce que raconte Eastwood dans ce film, qui apparaît comme une fable dans laquelle il n’y aurait pas de méchant (sauf les terribles All Blacks) qui ne puisse être attiré du côté du bien.
C’est la trentième réalisation du Grand Eastwood (qui aura 80 ans en mai), de plus en plus attiré par les histoires vraies et les personnages de la grande Histoire, comme les soldats de la bataille d’Iwo Jima. Dans le cas présent, si la mise en scène n’est pas toujours aussi énergique que le sujet semble l’exiger, l’émotion est au rendez-vous. Et Morgan Freeman habite son personnage – Mandela aurait lui-même souhaité le voir jouer son rôle – avec intelligence, chaleur et un soupçon d’humour.
On sait que l’histoire de l’Afrique du Sud ne s’est pas figée là, dans cet instant de communion. Dans son film, Eastwood ignore les ferments des futures difficultés du pays. Un choix qu’on ne saurait lui reprocher, tant il nous fait partager sa foi et celle de Mandela dans le pouvoir de l’humanisme.
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