Initiation
Peintre, Henri Cuecuo a aussi publié de nombreux ouvrages, dont « Dialogue avec mon jardinier », adapté au cinéma avec Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin. Dans « l’Été des serpents » (1), il se souvient du temps où il avait à peine 10 ans et des années de guerre qui l’ont fait passer de l’enfance à l’âge adulte dans une période trouble, autant que des émois qui ont alors troublé ses sens.
Le roman est ainsi à la fois une chronique des années de guerre au quotidien dans une petite ville de Corrèze et celle d’une initiation, plus corporelle d’ailleurs que sentimentale. On y retrouve les Allemands et les résistants, les courageux et les lâches, les communistes et les collabos, les réfugiés espagnols et les juifs mais aussi beaucoup de filles, de femmes réelles ou rêvées, car la grande affaire pour l’adolescent en devenir était le mystère du corps du sexe opposé.
Une jeunesse romancée
Auteur d’une trentaine d’ouvrages en tout genre, Jean Castarède réveille, dans « Un secret de famille » (2), ses souvenirs de jeunesse et de la guerre de 1939-1945, qu’il a vécue dans sa Gascogne natale. Il s’agit bien d’un roman, dans lequel, par exemple, le départ du père en Russie pour rejoindre une escadrille d’avion du régiment français Normandie-Niemen et l’arrivée inopinée, cinquante ans plus tard, d’une jeune Russe séduisante, rescapée de la perestroïka, sont inventés. Cependant, en plus de prétexte à ressusciter « une douce France » qui ne sera plus jamais comme avant, ce livre est l’occasion de revenir sur une question qui a toujours hanté l’auteur : qu’aurait-il fait s’il avait été plus âgé face à la résistance active ?
Les années noires et après
Une petite fille, de 10 ans aussi, est au cœur du deuxième roman d’Ariane Bois après « Et le jour pour eux sera comme la nuit », très apprécié à sa sortie. « Le Monde d’Hannah » (3) commence à la rentrée des classes de 1939. Dans une école du XIe arrondissement de Paris, Hannah se lie d’amitié avec Suzon. Puis la guerre l’oblige à se cacher en province, avant de rejoindre la Turquie d’où sa famille est originaire. D’abord exclue au quotidien dans le « petit Istanbul » par sa condition de juive, elle sera une étrangère dans un pays qu’elle ne connaît pas.
L’histoire se poursuit jusqu’en Mai 1968, avec les destins très différents d’Hannah, revenue en France, et de Suzon, et surtout avec un secret qui remonte aux années noires et finalement dévoilé, qui confronte les deux jeunes femmes : comment une famille qui n’est pas collabo a-t-elle pu devenir complice simplement en ne prévenant pas du danger ?
Règlements de comptes
Couronné pour « la Nuit des hulottes » et « le Porteur de destin », Gilbert Bordes est un auteur prolixe, membre de l’école de Brive, en plus d’être un luthier de belle renommée. Dans « le Chant du papillon » (4), il raconte les mésaventures d’Arnaud, un garçon de 11 ans né de père inconnu, affligé d’un pied-bot et dont la mère a été arrêtée par la Gestapo en 1940. Recueilli plus tard par ses grands-parents dans le Périgord, le jour même où le corps d’une inconnue assassinée d’une balle en plein cœur est retrouvé, le petit Parisien découvre la rude vie de la campagne, l’absence d’affection de sa famille et les moqueries de ses camarades.
Secrets, rumeurs, comptes et règlements de comptes, on entre de plain-pied et très simplement dans l’intimité d’un village après l’Occupation, avec ses bons et ses mauvais côtés.
Vengeance en province
C’est également aux années de l’Occupation que remonte le nœud de l’affaire de « Nuit d’encre » (5), une sombre affaire de prédation financière qui est en fait une vengeance personnelle. Philippe Huet, journaliste et auteur de nombreux polars, montre comment, dans le Rouen démocrate chrétien des années 1970, un patron de presse, ancien petit imprimeur juif, installé à la tête du quotidien régional par la Résistance en lieu et place de l’ancien directeur, qui avait collaboré avec l’occupant, est en butte à de sournoises manœuvres de la part de ce dernier, qui vont de l’intimidation à la trahison et au crime.
Un beau portrait d’un patron de presse à l’ancienne et un tableau sans concession d’une bourgeoisie rouennaise qui se tait, alors que les prédateurs ne reculent devant rien pour éliminer enfin « l’usurpateur ».
Le camp de Lévitan
« L’Ombre d’un homme » (6), 4e roman de Bénédicte des Mazery, évoque un fait de guerre rarement traité. Pourquoi un vieil homme solitaire décide-t-il d’héberger gratuitement, dans un appartement dont il est le propriétaire, un couple et leur jeune fils, avec en seule contrepartie de venir dîner avec eux chaque soir ? Au fil des repas, l’histoire familiale se révèle peu à peu, qui concerne Charlotte, demi-juive arrêtée dans Paris occupé et internée à Lévitan, une annexe du camp de Drancy, tenu par les Allemands dans le 10è arrondissement. Les prisonniers étaient chargés de trier les meubles et les objets saisis dans les appartements juifs pour les expédier en Allemagne.
Le passé peut-il être réparé ? Et quelles traces les fautes commises ou subies laissent-elles sur les descendants ? Telles sont les questions posées dans ce roman qui met en lumière le sort de ces hommes et de ces femmes pas tout à fait juifs, pas toujours déportés, mais vraies victimes du régime nazi.
(1) JBZ & Cie, 254 p., 19,95 euros.
(2) France-Empire, 203 p., 18 euros.
(3) Robert Laffont, 284 p., 19 euros.
(4) Belfond, 267 p., 19,50 euros.
(5) Albin Michel, 235 p., 16,50 euros.
(6) Anne Carrière, 160 p., 17 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série