CINEMA - « Pieds nus sur les limaces », de Fabienne Berthaud

État limite

Publié le 08/12/2010
Article réservé aux abonnés
1292258367210579_IMG_49975_HR.jpg

1292258367210579_IMG_49975_HR.jpg
Crédit photo : CH. HENRY/LE BUREAU

LILY a fait médecine, comme elle dit, « du côté des malades ». Elle vit dans l’instant, « ne fait pas de compromis, est libre de corps et d’esprit et ne négocie pas ». Fabienne Berthaud a écrit le roman dont elle tire son film au moment de la réalisation de son premier long métrage, « Frankie », et le personnage lui a été inspiré par une jeune fille qui avait fait un séjour dans la clinique où elle tournait. Pour autant, il ne s’agit pas de décrire un cas clinique, une « rainwoman ». Ce qui intéresse la romancière cinéaste, c’est de parler de « la fantaisie de l’esprit, les états limites, la fragilité et les différences ».

Lily habite à la campagne, dans un univers protégé en harmonie avec la nature. Mais quand sa mère meurt brutalement, le fragile équilibre de sa vie quotidienne se rompt et sa sœur Clara, qui habite en ville avec son mari, doit revenir s’occuper d’elle. Entraînant les personnages de son roman dans d’autres situations – c’est ce qui l’intéressait dans cette adaptation, cosignée par Pascal Arnold – Fabienne Berthaud montre comment la spontanéité et la liberté de Lily vont contaminer Clara, la perturber puis la séduire.

Le spectateur ne manquera pas d’être lui aussi perturbé par certains comportements de la jeune fille, puis conquis, un peu malgré lui, par son énergie solaire, sa liberté extrême, qui relève socialement, sans doute, d’une prise en charge, mais qui peut apparaître individuellement enviable. Ludivine Sagnier est époustouflante dans le rôle, composant cet étonnant mélange de fragilité extrême et de force vive. Diane Kruger, dans un rôle moins original, est également très convaincante. Et la lumière de l’été méditerranéen les irradie toutes deux.

Film fragile et fort à la fois, comme son héroïne, « Pieds nus sur les limaces » ne se joue pas dans beaucoup de salles et à cette période de l’année, la concurrence est très rude. Si vous êtes tenté, ne perdez pas de temps.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8872