L'extrême confusion d'affects que l'on peut pêcher sur les réseaux sociaux nous renseigne souvent sur le fait que leur auteur est dans une dynamique d'activité, d'investissement ou d'espoir, mais demeurerait totalement arbitraire, s'il n'y avait au début de l'histoire le travail d'un astronome français du XVIIIe siècle, Jacques Dortous de Mairan.
Notre homme remarque que les feuilles de la plante située non loin de l'endroit où il écrit se sont refermées, alors que plus tôt dans la journée, au soleil, elles étaient grandes ouvertes. Par quel biais une plante est-elle réceptive à notre environnement ? Dortous de Mairan a l'idée de perturber volontairement ce rythme. Retirant la plante du balcon, il la met dans un placard totalement obscur. Il constate le lendemain matin que les feuilles se sont déployées malgré l'obscurité. Renouvelant plusieurs fois l'expérience sans que change le résultat, il en tire la conclusion que la plante ne réagissait pas à la lumière extérieure mais suivait son horloge interne.
L'espoir du matin
Près de trois siècles après cette découverte, les scientifiques ont établi que nous avions tous notre « Big Ben biologique », soit un amas de 20 000 cellules de la taille d'un grain de riz situé dans l'hypothalamus, le noyau suprachiasmatique (NSC). Cette structure régule en particulier l'humeur, ce qui permet d'établir son rythme général. Le matin nous sommes dans une dynamique d'activité et d'espoir. Nos affects déclinent ensuite, avant de reprendre un peu du poil de la bête en début de soirée. Ce qui peut se résumer en « pic-creux-rebond ».
Le schéma semble être universel, indépendant des cultures ou de la géographie. Ainsi, dit Daniel Pink, comme la plante de Mairan, « les êtres humains s'ouvrent et se referment à des moments précis de la journée ».
Dès lors que les exemples donnés dans l'ouvrage se situent aux États-Unis, on ne s'étonnera pas que les paroles envoyées ou reçues par les Pdg aient des répercussions sur le business. Trois enseignants d'écoles de commerce américaines ont analysé pendant six ans les transcriptions de 2 100 compagnies cotées en Bourse. Les appels passés ou reçus tôt le matin sont plutôt positifs. Ils se font ensuite plus négatifs à mesure que la journée se déroule, l'humeur s'améliorant après la clôture des marchés. Comme le note avec humour Daniel Pink, qui a assisté à nombre de réunions d'entreprise, « les interlocuteurs en présence lors de ces conférences sont l'incarnation de l'homo economicus idéal ».
L'auteur, qui avoue être passé très rapidement du statut de chômeur à celui de jeune actif dynamique, insiste sur l'importance du timing, qui correspond à l'idée de moment favorable, le fameux Kaïros antique, qui se traduirait bien par notre « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ».
Demeure une contradiction que le livre, riche en conseils pratiques, ne résout pas. Celle qui insiste sur l'habileté de celui qui prend les bonnes décisions au bon moment et le caractère subit des désordres émotionnels.
Daniel Pink, « Le Bon Moment », Flammarion, 320 p., 20,90 €
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