Cinéma/« Green Zone », de Paul Greengrass

Faux suspense

Publié le 20/04/2010
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Crédit photo : J. BOLAND

PENDANT DIX ANS, le Britannique Paul Greengrass a couvert les conflits du monde entier pour la télévision. Devenu cinéaste, il a signé le remarquable « Bloody Sunday » et, entre deux aventures de Jason Bourne (« la Mort dans la peau » et « la Vengeance dans la peau »), une saisissante reconstitution du « Vol 93 », celui qui, le 11 septembre 2001, grâce au courage de ses passagers, s’est écrasé à 170 km de sa cible, Washington.

Vu ces états de service, on attendait avec impatience son thriller irakien, adapté du best-seller « Dans la zone verte : les Américains à Bagdad », écrit par l’ancien responsable du « Washington Post » à Bagdad, Raiv Chandrasekaran. Il narre la découverte, par un sous-officier aussi idéaliste qu’efficace au combat, du mensonge du gouvernement Bush sur les armes de destruction massive, mensonge qui a servi à justifier l’invasion du pays de Saddam Hussein en 2003 ( « la guerre préventive »). Quasiment seul contre tous, le commandant Miller mène une enquête express, caractérisée surtout par des courses-poursuite et des fusillades et explosions en tous genres dans les rues de Bagdad.

Et c’est là que survient la déception. Kathryn Bigelow, dans son film oscarisé, « Démineurs », qui se passe aussi à Bagdad, parvient à maintenir un suspense, dans l’action et dans la psychologie. Ici, malgré une histoire aux fils entremêlés (CIA contre Agence du renseignement pour la défense, Irakiens de tous bords et qui peuvent changer de camp...), le récit est linéaire et les états d’âme des personnages réduits à leur plus simple expression.

Une mise en scène d’une grande efficacité ne suffit pas toujours, même accompagnée de moyens sûrement importants. Matt Damon, toujours très professionnel, Greg Kinnear, Brendan Gleeson, Khalid Abdalla font bien leur travail, mais n’empêchent pas qu’on s’ennuie un peu.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8754