Il n’y a pas grand-chose de commun entre « Hôtel du libre-échange » et « Art ». Le hasard de l’actualité les met à l’affiche en même temps. D’un côté, un chef-d’œuvre de vaudeville monté par Isabelle Nanty dans une fidélité profonde aux indications de l’auteur, magnifiée par le décor et des costumes de Christian Lacroix. De l’autre, une version flamande – mais en langue française – de la plus jouée des pièces contemporaines. D’un côté comme de l’autre on s’amuse.
Salle Richelieu (1), la troupe est à son affaire, virtuose qu’elle est à donner corps aux personnages complètement hors d’eux-mêmes de Feydeau. Le mécanisme est toujours le même : des personnes qui ne devraient absolument pas se rencontrer, sous peine de drame, se retrouvent toutes au même endroit. Ici, dans un hôtel louche et hanté. Des maris qui trompent leur femme un soir, des femmes prêtes à s’abandonner, une nuit. Manque de chance, les époux se retrouvent au même endroit.
Unité de base d’un emballement cauchemardesque, avec développements cocasses, notamment grâce à l’homme incarné par un Christian Hecq hallucinant, un père de quatre filles survoltées, venant de Valenciennes et y retournant et qui bégaye par temps humide. Plus d’une quinzaine d’interprètes s’en donnent à cœur joie, avec, en plus, Laurent Lafitte qui chante… Anne Kessler, Florence Viala, Michel Vuillermoz, Jérôme Pouly, Bruno Raffaelli, Alain Lenglet, Bakary Sangaré et leurs camarades sont parfaits.
Le prix du tableau
Dans « Art » (2), ils ne sont que trois. Serge (Kuno Baker), le dermatologue féru d’art contemporain, qui a payé 200 000 € un tableau blanc avec des lisérés transversaux blancs. Son ami Marc (Frank Vercruyssen), ingénieur dans l’aéronautique, est consterné et ne mâche pas ses mots. Entre eux, plus jeune dans cette mise en scène, longue tige aux allures d’adolescent, Yvan (Gillis Biesheuvel).
Trois épatants comédiens, issus de deux collectifs brillants, tgSTAN et Dood Paard, qui unissent leurs intelligences caustiques, très accordées à celle de Yasmina Reza, pour en découdre avec la pièce et avec le public. Avec eux, il y a toujours un curieux hiatus entre quelque chose de sobre et de retenu, apparemment, et une folie exubérante. Cela va très bien à la pièce : un incident mineur, un désaccord qui ne devrait pas avoir de conséquence, provoque une rupture profonde dans une amitié qui semblait à toute épreuve. Nos amis flamands jouent en français et leur accent chantant ajoute au charme de l’entreprise !
(1) Comédie-Française, en alternance jusqu'à la fin de juillet, à 20 h 30 ou 14 heures. Durée 2 h 30 sans entracte. Tél. 01.44.58.15.15, www.comedie-francaise.fr
(2) Théâtre de la Bastille, jusqu'au 30 juin, à 20 heures du mardi au samedi. Durée 1 h 40. Tél. 01.43.57.42.14, www.theatre-bastille.com
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