« COMBIEN de temps faut-il pour s’apercevoir que ce qui se passe maintenant est simplement inadmissible ? » : l’auteur de « Mourir à trente ans » (1982) et de « À mort, la Mort ! » (1991) reste un cinéaste engagé, soucieux de dénoncer les effets de la politique de reconduite à la frontière des sans-papiers et de leurs enfants. Pour autant, son film n’est pas militant au premier degré, ni réaliste : c’est « plutôt un conte, même si la toile de fond est réaliste ». En racontant l’histoire du point de vue des enfants, il s’adresse autant, comme spectateurs, aux jeunes qu’à leurs parents.
Ce sont des élèves de CM2, dans une école du 18e arrondissement de Paris qui viennent de voir disparaître leur copain Youssef. Alors quand Milana, d’origine tchétchène, est menacée à son tour, ils décident d’agir. Pendant que les adultes se disputent, même ceux qui veulent aider les sans-papiers, et semblent s’agiter vainement, ils concoctent un plan.
« Les Mains en l’air » est riche de la spontanéité de cette volonté enfantine, qui ne s’embarrasse pas de préjugés ni de calculs stratégiques. Romain Goupil, qui s’est aussi servi de ses propres souvenirs d’enfance, a su saisir et faire ressentir ce mélange de risque-tout et de grande fragilité. Et ses jeunes acteurs, dont la touchante Linda Doudaeva, à quelques maladresses près, portent avec panache leurs personnages.
Touchante aussi, Valeria Bruni-Tedeschi, mère et femme écorchée qui refuse les compromis et ajoute la douleur des autres à ses questionnements intimes.
Et, qu’on se le dise, si les situations sont dramatiques, s’il y a des disputes familiales et s’il est question de toutes sortes de malheurs, cette solidarité enfantine et chaleureuse fait du film une quasi-comédie. Réconfortante.
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