On ne monte que très rarement en France « les Sorcières de Salem ». D’autres pièces célèbres du dramaturge américain Arthur Miller sont parfois reprises, « Mort d’un commis voyageur », notamment. Récemment, Ivo von Hove a signé une mise en scène frappante de « Vu du pont ». Mais cet écrivain puissant est regardé avec circonspection par les hommes et les femmes de théâtre, en France.
Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du festival d’Automne et du Théâtre de la Ville, qui a commencé à monter des spectacles dès le lycée, lui, est un artiste sans prévention. Il choisit Ionesco, Camus. Comme Horvath, Pirandello, Brecht ou Melquiot. Composées alors que le maccarthysme empoisonne les États-Unis, et créées aussitôt, en 1953, à Broadway, « Les Sorcières de Salem » avaient été mises en scène dès 1955 au Théâtre Sarah-Bernhardt (devenu Théâtre de la Ville), par Raymond Rouleau, avec notamment Simone Signoret et Yves Montand. Emmanuel Demarcy-Mota s’inscrit donc dans la continuité d’une histoire.
S’appuyant sur une traduction nouvelle de François Regnault, Julie Peigné, Christophe Lemaire, et en ayant mis au point une version scénique vive, Emmanuel Demarcy-Mota procède par tableaux très soignés. Le son, les lumières, les projections discrètes (la forêt), une scénographie qui dégage le plateau, tout est mis au service d’une histoire humaine forte et simple.
L’argument est inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée à Salem, en Nouvelle Angleterre, en 1692. Parce qu’elle a découvert que son mari, John Proctor (Serge Maggiani), a une liaison avec leur servante Abigail (Élodie Bouchez), Elisabeth (Sarah Karbasnikoff) la chasse. La jeune fille organise une séance de pseudo-sorcellerie dans la forêt avec ses amies. Elles sont découvertes et se prétendent alors ensorcelées. Le pasteur Hale (Philippe Demarle) va tenter de comprendre… Mais la violence irrationnelle va se déchaîner.
La pièce demeure très intéressante et semble ravivée par l’actualité parfois épouvantable. Ainsi pense-t-on aux rumeurs de Seine-Saint-Denis qui ont conduit certains à attaquer des Roms, la semaine dernière.
La troupe de 14 interprètes est de bonne qualité. Les rôles importants sont très bien tenus par des personnalités sensibles et mobiles. Du théâtre probe, inspiré, une pièce qu’il est très intéressant de voir aujourd’hui.
Théâtre de la Ville à l’Espace Cardin, jusqu'au 19 avril (à 20 heures du mardi au samedi, 16 heures dimanche 7 avril). Durée 1 h 55. Tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com
En tournée en France la saison prochaine.
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