Ce pourrait être un drame épouvantable, voire une cruelle tragédie, mais ce serait sans compter sans la malice et l’espièglerie de Yasmina Reza. Vingt-quatre ans après sa création, sa pièce la plus célèbre, « Art » (1) revient à Paris. Un même metteur en scène, Patrice Kerbrat, et trois comédiens très bien accordés.
Charles Berling est Marc, ingénieur aéronautique qui ne comprend pas l’achat par son ami Serge, Alain Fromager, dermatologue féru d’art contemporain, d’un tableau monochrome blanc. L’éruptif Marc dit brutalement ce qu’il pense à Serge, blessé dans son amour-propre. La belle amitié vacille. Entre eux, pour les départager, Yvan. Il a moins bien réussi qu’eux. Il s’apprête à se marier et a trouvé du travail dans la papeterie de l’oncle de sa future épouse. Jean-Pierre Darroussin endosse la partition la plus cocasse avec une humanité bouleversante. Le public rit tellement que l’on perd parfois des répliques. On comprend que cette pièce miraculeuse ait fait le tour du monde !
Zone sombre
D’une autre couleur est « le Fils » (2),de Florian Zeller. L’auteur de « Père » ou d’« Avant de s’envoler », derniers rôles de l’immense Robert Hirsch, ne craint pas les zones sombres de la vie. Mais avec cette pièce il plonge dans une terrible tragédie. Un avocat (Yvan Attal) vient de divorcer. Il a quitté sa femme (Anne Consigny) et leur adolescent de 17 ans, Nicolas (Rod Paradot), pour Sofia (Élodie Navarre). Ils viennent d’avoir un bébé. Nicolas demande à son père de vivre auprès de lui. Comment le jeune homme, dans un malaise profond, qu’il exprime mais ne comprend pas, va-t-il s’intégrer ?
Un médecin (Jean-Philippe Puymartin) et un infirmier (Raphaël Magnabosco), complètent la distribution de haute qualité. Ladislas Chollat, qui signe la mise en scène, dans un décor de panneaux coulissants pour passer d’un lieu à l’autre, dirige à la perfection les comédiens tous excellents. Rod Paradot, au centre de la pièce, est époustouflant dans la vérité, la sincérité. Il y a de la musique entre chaque changement, ce qui alourdit un peu la représentation, la ralentit. Il s’agit d’un drame et l’on pourrait imaginer un rythme plus implacable.
Le taxi et ses clients
Autre tragédie, autre pièce qui avance de scène brève en scène brève, « Bluebird » (3), de l’Anglais Simon Stephens, très bien traduite par Séverine Magois. Le personnage principal est Jimmy, un chauffeur de taxi qu’incarne avec profondeur et sobriété Philippe Torreton. Jimmy travaille en ville, la nuit. Les clients se succèdent. Serge Larivière, Baptiste Dezerces, Marie Rémond, sont étonnants dans plusieurs compositions. Jimmy a donné rendez-vous à son ancienne femme, Clare (Julie-Anne Roth). Qu’est-ce qui les a séparés ? Qu’est-ce qui les lie pour jamais ?
La cinéaste Claire Devers signe sa première mise en scène au théâtre. Elle dirige très bien les comédiens excellents qu’elle a réunis. Le déplacement de la voiture, le jeu des panneaux du décor, pliés et dépliés à vue, peut paraître laborieux. Mais la densité des scènes, la force des personnages sont telles que ce n’est pas un problème. On est saisi.
(1) Théâtre Antoine, jusqu’à l’été. Durée 1 h 25. Tél. 01.42.08.77.71, www.theatre-antoine.com
(2) Comédie des Champs-Elysées, jusqu'en juin. Durée 2 heures. Tél. 01.53.23.99.19, www.comediedeschampselysees.com
(3) Rond-Point, jusqu'au 4 mars (puis à Sartrouville les 29 et 30 mars, aux Célestins de Lyon du 3 au 7 avril). Durée 2 heures. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr
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