CLASSIQUE - Edda Moser et Christiane Eda-Pierre

Hommage à deux sopranos

Publié le 30/09/2013
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EDDA MOSER a vite accédé à la gloire internationale, principalement grâce au rôle de la Reine de la nuit de « La Flûte enchantée », de Mozart, qu’elle a chanté jusqu’au Metropolitan Opera de New York, avec Herbert von Karajan, et enregistré avec Wolfgang Sawallisch. Paris a beaucoup entendu ce soprano berlinois, à l’époque où Rolf Liebermann était directeur de l’Opéra, dans ce rôle, mais aussi dans Dona Anna de « Don Giovanni », et c’est elle qui fut retenue pour le film-opéra de Joseph Losey. Son répertoire s’étendait aussi au Lied allemand, dont elle était une interprète recherchée.

Le coffret-hommage que lui consacre EMI Classics (9 CD) fait la part large aux récitals de lieder qu’elle a enregistrés avec tous les grands accompagnateurs du moment. Le plus emblématique est certainement celui réalisé avec le jeune Christoph Eschenbach en 1982, un florilège de lieder de Richard Strauss et de Brahms. Mais aussi, avec Erik Werba, des lieder de R. Strauss et de plus rares de Hans Pfitzner, enregistrés en 1972 quand la voix était à son zénith. Schumann, aussi avec Werba, plus deux albums entiers consacrés aux cycles à plusieurs voix, avec comme partenaires Nicolai Gedda, Hanna Schwartz et Walter Berry.

Les CD sont des reprises de microsillons, restitués dans leur présentation d’origine, comme le fameux « Edda Moser singt Mozart » de 1977, le seul à avoir été réédité en CD, tous les autres étant des premières. Outre les grands rôles scéniques (Reine de la Nuit, Donna Anna, Elettra, Vitellia), on admire la virtuosité et le timbre unique à la fois sombre et lumineux de Moser dans des airs de concert (l’ébouriffant « Ma che vi felice, o stelle ») et des airs religieux. Le dernier CD est consacré à une interview avec Holger Wemhoff de 2006. Pour fanatiques, certes, mais quelle aubaine !

Scènes internationales.

La carrière de la Française Christiane Eda-Pierre, originaire de Fort-de-France, a été beaucoup lente et prudente, mais l’a menée aussi sur les mêmes grandes scènes internationales avec, à Paris, où elle avait d’abord longtemps fait partie de la troupe de l’Opéra-Comique, en guise de consécration nationale, la création mondiale en 1983 du rôle de l’Ange du « Saint-François d’Assise » d’Olivier Messiaen. Soprano agile, elle avait en commun avec Edda Moser les rôles virtuoses du répertoire mozartien, Reine de la Nuit, Vitellia et surtout Konstanze, de « l’Enlèvement au Sérail », dont les trois airs et le duo figurent dans ce double CD (Decca Universal). Ineffable, aussi, son Antonia dans « Les Contes d’Hoffmann », mis en scène par Patrice Chéreau en 1977.

Le spectre de son répertoire était large, comme l’atteste ce programme avec la première réédition sur CD d’un microsillon consacré à des airs du XVIIIe siècle de Grétry et Philidor, des raretés, de Rameau également, et des extraits de ses intégrales Berlioz avec Colin Davis, mais que l’on aurait aimé voir figurer aux côtés d’aspect plus vécus de sa carrière (ils ne manquent pas dans le circuit non officiel…). Perles, aussi, que les mélodies de Stravinski, qui illustrent son goût pour la musique du XXsiècle, qu’elle a beaucoup défendue.

OLIVIER BRUNEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9267