EN LIBRAIRIE dès cette semaine, « la Maison des belles personnes » (1) est le premier roman de Gabriel Rolon, psychanalyste argentin et figure médiatique très importante dans son pays. Le héros est un psy qui, à la demande d’une jeune femme dont le frère, atteint d’une étrange maladie mentale, est accusé du meurtre de leur père, se lance dans une dangereuse quête de la vérité. Un thriller sulfureux qui se déroule dans la haute société d’un Buenos Aires rongé par la corruption et où se mêlent les secrets familiaux et la politique.
Même si la date de l’apocalypse est dépassée, il est temps encore de lire « 12 : 21 » (2) de l’Américain Dustin Thomason, auteur, il y a quelques années, du best-seller « la Règle de quatre » et créateur de la série télévisée « Lie to Me ». Écrivain diplômé de Harvard en anthropologie et de Columbia en médecine, Dustin Thomason y met en scène les efforts désespérés d’une anthropologue et d’un scientifique, reconnu dans le monde entier pour ses travaux sur les prions, pour prendre la fin du monde de vitesse. À défaut de réel suspense, on salue la manne d’informations incluses dans ces pages.
« Cherche jeunes filles à croquer » (3) est de saison, qui se déroule dans la vallée du mont Blanc. Françoise Guérin – qui a reçu le prix Cognac en 2007 pour « À la vue, à la mort » et qui est également psychologue clinicienne – y déroule l’enquête d’une équipe de criminologues analytiques parisiens après les disparitions de plusieurs adolescentes, qui, toutes, ont fait un séjour dans une prestigieuse institution locale prétendant soigner leurs troubles alimentaires par un subtil mélange d’art et de thérapie.
L’histoire en toile de fond.
Loin du polar, « Felka, une femme dans la grande nuit du camp » (4) est un hommage de Serge Peker, médecin parisien, à Felix Nussbaum, artiste juif allemand, déporté à Auschwitz en même temps que son épouse Felka Platek, peintre d’origine polonaise. S’il ne reste presque rien des toiles de la jeune femme, celles de Félix Nussbaum sont exposées. Ce sont ces tableaux qui animent les souvenirs de Felka dans ce récit où elle revit les principaux moments de leur vie de couple, qui lui permettent de transformer ses ultimes moments en un souffle de vie et de liberté.
Maaza Mengiste, née en 1971 à Addis-Abeba, est professeur de creative writing à New York. Elle avait 4 ans lors du renversement par les militaires de l’empereur Hailé Sélassié, qui a conduit sa famille à s’exiler. Dans un premier roman très apprécié aux États-Unis, « Sous le regard du lion » (5), elle brosse un portrait vivant de la société éthiopienne à ce tournant de son histoire à travers quelques personnages convaincants. Dont celui d’Hailu, qui, malgré son dégoût du pouvoir en place, continue d’exercer normalement sa profession de médecin jusqu’à ce qu’on lui confie une jeune fille brisée par la torture.
Quand Jérôme Duhamel, le petit-fils de Georges Duhamel, donne une suite à « la Chronique des Pasquier » – qui avait pour sujet principal l’ascension d’une famille du peuple vers l’élite, entre 1870 et 1930 –, cela donne « l’Heure où les loups vont boire » (6). Le héros est ici le fils aîné, Laurent, qui fut biologiste et médecin avant de se consacrer à la littérature et de siéger à l’Académie française. Il a maintenant 50 ans et son destin idéal est sur le point de voler en éclat, car surgit la Deuxième Guerre mondiale tandis qu’un nouvel amour menace la paix familiale. Le clan Pasquier saura-t-il à nouveau surmonter ses divisions ?
Côté cour et côté jardin.
Après avoir raconté « Ces histoires insolites qui ont fait la médecine » (prix Jean-Bernard 2012 de la Fondation pour la recherche médicale), Jean-Noël Fabiani – qui dirige le département de chirurgie cardio-vasculaire à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris – revient, dans « le Chirurgien et le Marabout » (7), sur l’aventure de la médecine humanitaire française de l’après-mai 1968, dont il fut en tant qu’interne des Hôpitaux de Paris. Une médecine exercée avec enthousiasme dans des conditions de pénurie extrême au fin fond du Sahel, en Haute-Volta, avec l’aide de Youssef, l’incontournable marabout de Fada N’Gourma, qui lui enseigna notamment sa médecine rituelle faite de recettes ancestrales et de magie. En toile de fond de ce récit haut en couleurs, le professeur évoque les espoirs et les déboires parisiens de Médecins sans Frontières.
La maladie est au cœur de « Réanimation » (8), une « réflexion littéraire » de Cécile Guilbert – prix Médicis de l’essai 2008 pour « Warhol Spirit » – à partir du coma où tombe soudainement un homme atteint de « cellulite cervicale ». La narratrice est sa compagne de vingt ans, partagée entre la peur de perdre son amour et de voir son bonheur disparaître, et sa curiosité fascinée pour la « réa ». Un récit aux multiples entrées pour faire face à la réalité.
La maladie est également au cœur du « Premier Oublié » (9), le roman de Cyril Massarotto, à qui l’on doit le fameux « Dieu est un pote à moi ». Il s’agit d’une fiction très autobiographique à deux voix, celles d’une mère atteinte de la maladie d’Alzheimer et de son fils, le premier que sa mémoire a effacé. Tandis que la mère essaie de rester vivante grâce aux souvenirs, son fils, plongé dans les souvenirs de son père, de son ex et de sa passion éteinte pour l’écriture, oublie quant à lui de vivre.
(1) Belfond, 380 p., 19,50 euros.
(2) Calmann-Lévy, 388 p., 20,90 euros.
(3) Éditions du Masque, 393 p., 19 euros.
(4) M.E.O., 116 p., 14 euros.
(5) Actes Sud, 364 p., 23,70 euros.
(6)Flammarion, 619 p., 22 euros.
(7) En vente à partir du 17 janvier, Plon, 218 p., 17 euros.
(8) Grasset, 270 p., 18 euros.
(9) XO Éditions, 235 p., 17,90 euros.
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