Il y a plusieurs manières de mettre en scène les redoutables vaudevilles de ce génie féroce que fut Georges Feydeau (1862-1921). Certains choisissent le noir du mauvais rêve, d’autres font confiance à la force des pièces et ne surlignent rien. Christophe Lidon laisse au public le choix de se dire, en sortant, que ce que vivent certains personnages, tels Bois d’Enghien ou Bouzin, tient du cauchemar, mais il n’en rajoute pas.
Le metteur en scène s’appuie sur un groupe de comédiens excellents et a résolu avec habileté les problèmes que pose le montage de la pièce, avec ses décors et son escalier. Dans un dispositif unique qu’il a imaginé, des meubles mobiles transforment l’espace, et l'on passe facilement du salon de la chanteuse Lucette Gautier à l’hôtel particulier de la baronne Duverger, qui marie sa fille, pour arriver dans l’immeuble de Bois d’Enghien. Des parties filmées montrent l’arrivée des invités et le fameux escalier où tant de monde se croise…
Répétons-le, c’est sur la personnalité des interprètes, dans de très beaux costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian, que se joue l’essentiel, dans une atmosphère joyeuse et enlevée qui évoque, au début, les années 1950, avec la musique de Cyril Giroux et les chorégraphies de Sophie Tellier.
L’argument de départ est simple. Bois d’Enghien (Jean-Pierre Michaël), qui signe le soir même son contrat de mariage avec la fille de la Baronne (Catherine Jacob), s’est rendu chez sa maîtresse Lucette Gautier (Noémie Elbaz ou Christelle Reboul, en alternance) pour rompre. C’est elle, « le fil à la patte ». Évidemment, il n’a rien osé lui dire, alors même que « le Figaro » annonce le mariage.
Évidemment, tous les personnages qui ne devraient pas se rencontrer, se croisent… On risque à chaque seconde la catastrophe tandis que les quiproquos se multiplient, avec Bouzin (Marc Fayet), clerc de notaire qui écrit des chansons, le général Irragua (Bernard Malaka), venu d’Amérique du Sud et amoureux de Lucette, l’ami encombrant Fontanet (Patrick Chayrigès), la sœur amère (Adèle Bernier, qui joue aussi une copine et la fiancée coquine), le serviteur stoïque (Cédric Colas).
N’en disons pas plus, car le grand plaisir de la soirée, par-delà le chef-d’œuvre et les répliques extraordinaires ou les interrogations du général sur la prononciation de la langue française, tient à l’inventivité du metteur en scène et des interprètes qui, chacun à sa manière, fait sien le personnage et lui apporte son supplément d’étrangeté, de charme, d’audace, de fantaisie. Un bonheur de jeu et de rire.
Théâtre Montparnasse, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 17 heures le samedi. Durée 2 heures. Jusqu’à fin août. Surtitrages en anglais le mercredi et le samedi. Tél. 01.43.22.77.74, www.theatremontparnasse.com
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