Pour tout cinéphile qui se respecte, « Eva », c'est Jeanne Moreau à Venise dans le film réalisé par Joseph Losey en 1962. Mais rien n'empêchait bien sûr Benoît Jacquot, qui avait lu adolescent le roman de James Hadley Chase, alors que s'affirmait sa vocation de cinéaste, de proposer sa propre version. Une adaptation sans doute encore plus libre que celle de Losey.
« Eva » de Benoît Jacquot, c'est donc Isabelle Huppert à Annecy, mais c'est surtout Gaspard Ulliel, pour lequel le film a été écrit, emporté dans une fuite en avant par son imposture et son attirance pour une femme aussi double qu'il l'est lui-même. S'il comporte quelques scènes violentes, le thriller est avant tout psychologique, dans la rencontre de deux menteurs et les manipulations à plusieurs niveaux. Si psychologique qu'on ne sait pas toujours si l'on est dans la réalité de l'histoire ou dans le songe d'un personnage.
Psychologique aussi parce que Jacquot aime avant tout jouer de la subtilité de ses comédiens et là il est gâté. Cela fait oublier le classicisme désuet de certaines situations.
Un outsider
En 2003, un nommé Tommy Wiseau, acteur raté et passionné de cinéma, sans rien y connaître, personnalité borderline, entreprend de jouer et réaliser un film, qu'il finance lui-même et monte en n'écoutant aucun avis professionnel. Ce sera « The Room », considéré comme le plus grand nanar de tous les temps mais qui deviendra culte dans les séances de minuit où l'on peut crier et lancer des objets de toutes sortes. Son ami Greg Sestero, qui joue dans « The Room », raconte l'histoire en 2013 dans un livre intitulé « The Disaster Artist ».
James Franco, acteur et réalisateur qui aime les personnages extravagants et/ou marginaux, est séduit par ce « récit sur la réalité du monde du cinéma mais raconté du point de vue d'un outsider, un peu comme dans le film "Ed Wood", (qu'il) adore ». Et se lance dans l'adaptation, d'autant qu'il se sent « plus proche de Tommy Wiseau qu'on pourrait le croire », avec ses deux dernières réalisations, « As I Lay Dying » et « Child of God », appréciées par la critique mais peu vues.
Si on ne savait qu'il s'agit donc d'une histoire vraie, on la trouverait totalement invraisemblable et le personnage de Wiseau, que joue Franco lui-même (son frère Dave est Greg Sestero), vraiment trop exagéré. Est-il plus pitoyable qu'effrayant ? On rit parce qu'il est ridicule. Mais comme on est à Hollywood, il faudrait comprendre que « The Disaster Artist » est un hymne à l'amitié et une invitation à poursuivre des rêves les plus fous malgré les obstacles. L'usine à rêves en a produit de plus convaincants.
Et aussi
« Mme Mills, une voisine si parfaite », de et avec Sophie Marceau, la voisine en question dans cette comédie étant incarnée par Pierre Richard.
« L'Ordre des choses », d'Andrea Segre, un policier italien intègre envoyé dans le chaos libyen pour négocier le maintien des migrants sur le sol africain.
« Le Jour de mon retour », de James Marsh, avec Colin Firth dans le rôle de Donald Crowhurst, cet homme d'affaires anglais porté disparu lors du premier tour du monde à la voile en solitaire en 1968, après avoir menti sur ses positions.
« Testona, une vie à l'étroit », première réalisation de Kantemir Balagov (26 ans), autour d'une jeune fille rebelle de la minuscule communauté juive du Caucase russe.
Et les Franciliens ne manqueront pas le festival de films de femmes, qui fête ses 40 ans avec pour invitées d'honneur Margarethe Von Trotta, Marta Meszaros et Lorenza Mazzetti (du 9 au 18 mars à la Maison des Arts de Créteil, www.filmsdefemmes.com).
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