CINEMA - « Une séparation », d’Asghar Farhadi

Iranien et universel

Publié le 15/06/2011
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Crédit photo : DR

D’ASGHAR FARHADI, né en 1972 à Ispahan, nous avons pu voir récemment l’excellent « À propos d’Elly... ». « Une séparation » a failli ne pas pouvoir se faire. Dans un premier temps, le ministère de la Culture avait en effet retiré au réalisateur son autorisation, pour avoir pris la défense d’artistes proches de l’opposition au régime, en particulier son collègue Jafar Panahi, interdit de tournage pendant vingt ans et menacé de six ans de prison (il attend les résultats de l’appel).

S’il ne nie pas évoquer la société iranienne, le cinéaste se défend faire passer de message. Il veut plutôt susciter des interrogations, comme celle, à la fin de la première scène de savoir si un enfant iranien a plus d’avenir dans son pays ou à l’étranger. Car la séparation dont il est question dans le titre est provoquée par Simin : elle veut partir dans un autre pays, où, pense-t-elle, sa fille de 11 ans aura un meilleur avenir. Mais son époux, Nader, refuse de s’exiler, car il doit s’occuper de son père atteint de la maladie d’Alzheimer. Simin quitte le domicile conjugal, mais pas Téhéran, et son mari engage une jeune femme pour s’occuper du vieil homme pendant la journée. De là surgira un drame et l’opposition de deux couples, celui de Simin et Nader, qui appartiennent à la classe moyenne, et celui de l’aide-soignante et de son époux.

Le film va très vite, à travers la parole abondante et les affrontements des personnages. Il y a un suspense psychologique, moral même, dans lequel la religion, certes présente, n’a pas autant de poids qu’on pourrait le croire. Aucun des protagonistes n’apparaît comme totalement négatif, chacun a ses raisons d’agir comme il le fait, qui sont évoquées avec subtilité.

Farhadi, qui est aussi metteur en scène de théâtre, est un bon directeur d’acteurs. Preuve en est les prix d’interprétation masculine et féminine glanés à Berlin pour l’ensemble de la distribution. Le film a aussi obtenu l’ours d’or, la récompense suprême.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8982