Élie Wiesel, l’éternel survivant
Rescapé de la Shoah, Elie Wiesel – l’auteur notamment de « la Nuit » – a survécu in extremis et grâce au savoir-faire des chirurgiens, à un nouveau drame personnel à la fois banal et terrifiant, une crise cardiaque. Il relate sa traversée du mur invisible dans un livre intitulé « Cœur ouvert » (1), qui n’est petit que par le nombre de ses pages tant celles-ci paraissent lumineuses dans leur simplicité. Six mois après l’intervention – il a 83 ans –, le prix Nobel de la paix témoigne de ce passage de la vie à la mort et comment il s’est peuplé pour lui de souvenirs et d’émotions, des questions qu’il s’est posées sur ce qu’il a été et ce qu’il a fait, ce qu’il a écrit, et bien entendu sur Dieu. Mais, redisons-le, en toute simplicité, voire humilité.
Anne Bouferguène, le déni du sida
Elle n’avait que 15 ans lorsqu’elle a appris qu’elle était porteuse du virus du sida. C’était en 1988 et on pensait alors qu’elle allait mourir à brève échéance. Anne Bouferguène a aujourd’hui 39 ans. Elle aussi est une survivante dont l’histoire n’est pas banale, puisqu’elle a mené une existence normale et riche sans jamais mentionner sa maladie jusqu’à aujourd’hui. Ni à ses camarades d’études, ni à ses amies sportives avec lesquelles elle est devenue championne de France par équipe à l’épée féminine en 1989 –, ni à ses collègues de travail – elle a été notamment directrice générale de Jet Tours –, ni à la plupart des membres de sa famille – dont ses deux enfants, en parfaite santé. Un déni qui lui a permis non seulement de vivre mais de réussir. Et auquel il lui a paru urgent de mettre un terme, pour elle et pour ceux qui vivent encore leur maladie dans une clandestinité forcée. D’où ce récit bluffant (dans tous les sens du terme), « Un mal qui ne se dit pas » (2).
Tim Parks, le salut par le shiatsu
Tim Parks est l’un des grands auteurs anglais actuels, (près de la moitié des vingt livres qu’il a écrits sont disponibles en français), il est aussi traducteur de l’italien (il vit à Vérone) et professeur de littérature. Après la quarantaine, des douleurs dans le bas-ventre ont commencé. Cancer ? Prostate ? Il refuse l’opération et sa vie prend alors une autre orientation. Une expérience qu’il fait partager dans « le Calme retrouvé » (3), un livre inclassable, au même titre que la maladie, qui fait partie d’un tout sans éléments distincts.
On chemine ainsi entre itinéraire intérieur et démarches pratiques, on assiste à la mise à jour des raisons passées et actuelles de la tension qui le mine, on le voit errer de médecine traditionnelle en médecine douce, jusqu’à ce que, grâce à la méditation et au shiatsu, il parvienne à faire disparaître les symptômes presque entièrement. Mais aussi, affirme-t-il, en apprenant à connaître son corps, ses ressources et son unité avec son esprit, c’est sa vie, sa façon de lire et d’écrire qui s’en sont trouvées transformées.
Jocelyne Begey, épouse de médecin.
Jocelyne Begey n’est pas femme de lettres et n’a accompli aucun exploit et pourtant, d’un drame intime, elle a fait une belle histoire, de celles qu’on n’ose plus écrire. Elle raconte dans « Clin d’œil » (4) ses 43 années de vie – ses quatre enfants et six petits-enfants – auprès de son mari, qui était pédiatre, après que celui-ci a disparu. Il s’agit du livre d’une femme brisée, désemparée – « J’ai perdu mon homme, mon éclat, ma raison sociale... Je ne suis plus femme.... » – mais c’est surtout un hymne à l’amour où elle dévide toutes ces années de partage sans faux-semblant, avec ses joies et ses douleurs profondes. C’est aussi un témoignage sur un mode d’exercice médical (elle était son assistante) qui n’existera bientôt plus. Pour mémoire.
(1) Flammarion, 88 p., 10 euros.
(2) Robert Laffont, 227 p., 18 euros.
(3) Actes Sud, 322 p., 22,80 euros.
(4) Éditions Baudelaire, 140 p., 13,50 euros.
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