Àux Déchargeurs et au Théâtre Rive-Gauche

À la découverte de belles histoires

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Publié le 17/03/2023
D’Ovide à Schmitt en passant par Maeterlinck, des contes heureux ou sombres, joués avec grand talent.
« Petites histoires de la démesure »

« Petites histoires de la démesure »
Crédit photo : YANN SLAMA

* Aux Déchargeurs, les deux salles, une toute petite aux allures de cave à la Saint-Germain-des-Prés d’après-guerre (19 places) et une plus grande (77 places) qui porte le nom du vaillant fondateur de ce lieu, le regretté Vicky Messica, ne cessent de proposer d’intéressantes découvertes. Avec « Petites histoires de la démesure », on assiste à l’époustouflante performance d’une comédienne que l’on admire depuis un bon moment, Manon Combes. Une jeune femme, Géraldine Szajman, a adapté librement quelques épisodes des « Métamorphoses » d’Ovide. On y réentend l’histoire du roi de Thessalie Erysichton et du roi de Phrygie Midas. Manon Combes, très intelligemment et audacieusement dirigée, porte, une heure durant, le récit, accompagnée d’un musicien remarquable, Vivien Lenon. La comédienne et l’adaptatrice-metteur en scène ont toutes deux travaillé pour des pièces « jeune public » et cette très singulière partition s’adresse à nous, les grands, comme aux enfants ! (Déchargeurs, jusqu’au 28 mars, durée 1 heure)

* Dans cette même salle, une toute jeune artiste propose sa première mise en scène. Clara Koskas a choisi le beau, sombre, difficile texte de Maurice Maeterlinck, « les Aveugles », conte cruel et assez effrayant qui date de 1890. Sur une île battue par les vents, un groupe d’aveugles attend le prêtre qui doit les reconduire dans leur hospice. Mais la mort a frappé…Clara Koskas a réduit le nombre de personnages. Visages fardés de blanc, enveloppés de grandes robes de bure, parfois visage enfoui sous une capuche, les comédiens jouent d’une manière un peu artificielle, soulignant à raison le caractère symboliste de l’ouvrage. (Déchargeurs, jusqu’au 28 mars, durée 1 heure)

* Plus riante est l’aventure de « Madame Ming », d’après le roman d’Éric-Emmanuel Schmitt. On retrouve les aventures savoureuses que l’écrivain affectionne. La fable est insolite. Un homme d’affaires en voyage en Chine, très bien joué par Benjamin Egner, discute avec la très bavarde Madame Ming, dame pipi d’un grand hôtel où il séjourne. Isabelle Andréani lui offre son merveilleux tempérament, sa finesse, sa générosité. On la croit lorsqu’elle prétend qu’elle a eu 10 enfants malgré la loi sur l’enfant unique. Xavier Lemaire signe l’adaptation et la vive mise en scène, à grands renforts de très belles marionnettes, avec la complicité d’Elsa Moatti, comédienne et violoniste, et de Pascale Blaison, marionnettiste qui joue très bien. C’est léger, plaisant, tout en bonne humeur ! (Rive-Gauche, durée 1h25)

 

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin