On le devine, les systèmes heureux n'ayant pas d'histoire, une partie importante du livre – et sa tonalité même – est consacrée à faire part d'une crise persistante. Tant il est vrai que « l'inquiétude monte dans les démocraties occidentales, car se multiplient les symptômes qui donnent à penser que le modèle se dégrade dans le monde entier et que le phénomène n'est pas conjoncturel ».
La démocratie ? Avis de tempête, illustré par l'auteur avec le cas de pays très proches, basculant dans la crispation identitaire, le totalitarisme mal dissimulé, le rejet de l'étranger. Les exemples sont très près de nous, au point même de nous aveugler.
Philippe Kourilsky a raison de rappeler l'optimisme qui prévalait à la fin du siècle dernier, avec les déclarations de Francis Fukuyama ou d'Amartya Sen, voyant dans l'ascension de la démocratie « l'événement majeur dont le XXe siècle avait accouché ».
Assez subtilement, l'auteur décrit les situations plutôt grises où des mécanismes électoraux et d'honnêtes Constitutions se mêlent à des traits limitant les libertés fondamentales. Il y a des « démocratures » à l'Ouest comme à l'Est.
Trois pathologies
Selon les politologues américains Larry Diamond et Samuel Huntington, nous sommes entrés depuis 2005 dans une période de récession démocratique. Et on peut distinguer trois pathologies fondamentales, chacune pouvant être l'élément central d'un énorme volume. Ces trois pathologies sont l'individualisme, qui n'est pas contre la démocratie mais interfère avec son fonctionnement ; le nationalisme, qui, disait le général de Gaulle, consiste à détester le pays des autres, alors que le patriotisme consiste à aimer le sien ; enfin le populisme, qui oppose le « peuple » à de soi-disant « élites », son hostilité à la démocratie représentative se changeant facilement en autoritarisme.
Cherchant à établir ce que pourraient être les finalités même de la démocratie, Philippe Kourilsky y discerne une aspiration à l'égalité, ce qui avait retenu l’attention de Tocqueville vers 1840, et une autre aspiration à la paix, repérée par Benjamin Constant dès le début des années 1800.
Scrutant avec son regard de « spectateur engagé », qui sait saisir les contradictions internes, Raymond Aron considérait que la démocratie enveloppe nécessairement le partage du pouvoir, une stable instabilité, en quelque sorte.
Moderne Montesquieu, partisan d'une démocratie fondée sur la réflexion scientifique, Philippe Kourilsky ne s'abandonne pas, heureusement, au pessimisme. La participation plus forte que prévu aux récentes élections lui montrera que le pire n'est pas toujours sûr.
Philippe Kourilsky, « De la science et de la démocratie », Odile Jacob, 228 p., 22,90 €
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