LORSQUE leur mère meurt, au Québec, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan héritent d’une mission, remettre une lettre à leur père qu’ils ne connaissaient pas et croyaient mort et une autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Ils héritent aussi, mais ils ne le savent pas, d’une haine dont il s’agit d’interrompre le fil.
Quand Denis Villeneuve, remarqué dès son premier film, en 1998, « Un 32 août sur Terre », découvre au théâtre « Incendies », de Wajdi Mouawad, il est « soufflé », comme, dit-il, quand il a vu « Apocalypse now » pour la première fois. Le texte « inspire directement des images fortes », estime-t-il. Mouawad a quitté le Liban, où il est né en 1968, à l’âge de 8 ans, pour la France puis Montréal, où il arrive à 15 ans et deviendra auteur et metteur en scène de théâtre. Les spectateurs du festival d’Avignon seront eux aussi soufflés, en 1999, par la présentation de la trilogie « Littoral », « Incendies », « Rêves », présentée sous le titre « Sang des promesses ».
Dans l’adaptation de Villeneuve, auquel Mouawad a donné carte blanche, comme dans la pièce, le Liban n’est pas nommé et Beyrouth est devenu Daresh. Ceux qui connaissent bien les épisodes de la guerre qui a ravagé le pays du cèdre de 1975 à 1990 s’orienteront sans doute plus facilement dans les méandres de l’enquête menée par les jumeaux sur les traces de leur mère. Mais si l’arrière-plan politique échappe parfois, la tragédie individuelle est, elle, compréhensible, sensible dans tous les cas. D’autant que son personnage principal évoque, par la grâce du dramaturge et du cinéaste, les héroïnes des drames antiques et mythologiques.
Certaines scènes sont lourdes – trop, diront les détracteurs du film. Villeneuve parvient pourtant à équilibrer l’ensemble, en alternant le récit du parcours de la mère, confrontée à toutes les violences, et celui de l’enquête des enfants, allégée par la présence bonhomme du notaire joué Rémy Girard, et constituant un suspense dont on a hâte de découvrir le dénouement. Le cinéaste a trouvé en Lubna Azabal (née à Bruxelles de parents originaires d’Espagne et du Maroc, vue notamment dans « Exils », « Viva Ladjérie » et « Paradise Now ») l’interprète idéale. Le film, primé dans plusieurs festivals, est le candidat du Canada pour les oscars.
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