Derniers moments
Il est mille et une façons de parler de la mort. Le médiatique médecin urgentiste Patrick Pelloux se plaît à retracer, dans « On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps » (1), les derniers moments d’une trentaine de personnalités de tout ordre (rois, savants, hommes de lettres) et de tout temps (de Jésus à Churchill). Autant de brèves chroniques qui constituent une promenade dans l’Histoire et un retour sur les mœurs, la médecine et la personnalité réelle des défunts.
Le choix de mourir
Dans un très beau texte sans pathos ni morale, « Dans tes pas » (2), Guillaume de Fonclare évoque la mort de son meilleur ami, qui s’est jeté du haut d’un cinquième étage après avoir déposé ses filles à l’école et leur avoir souri, sans laisser de mot ni d’explication. Ce récit est comme une suite terrible à son premier ouvrage, « Dans ma peau » (prix France Télévisions de l’essai), dans lequel il témoignait de son combat quotidien contre la maladie qui, depuis dix ans, n’en finit pas de briser son corps. Alors que l’image de son père, disparu alors qu’il avait 10 ans, revient le hanter, la question reste entière : pourquoi l’un choisit-il de vivre coûte que coûte et pourquoi l’autre choisit-il de mourir ?
Le roman de l’euthanasie
« Vous ne connaîtrez ni le jour ni l’heure » (3) est une réflexion sur le suicide assisté en fin de vie écrite sous forme de roman par l’écrivain suisse Pierre Béguin. Le narrateur, marié et père de famille, a accompagné son père et sa mère durant les trois semaines qui ont précédé cette euthanasie programmée, jusqu’au geste fatal. Comment un homme confronté à une telle décision de ses parents, doit-il se comporter ? Quels mots peut-il employer alors que tout un passé de non-dits, d’incompréhension et de manque de communication pèse sur un présent aussi violent ? Et comment continuer à vivre après l’avoir accepté ?
Un hymne à la vie
La mort rôde encore dans le beau livre de Jeanne Benameur (auteur de huit romans, depuis « les Demeurées » jusqu’à « les Insurrections singulières »), « Profanes » (4). Un homme âgé, il a 90 ans, et solitaire – sa femme l’a quitté après le décès de leur fille –, qui fut longtemps chirurgien du cœur, a réuni autour de lui quatre personnes, trois femmes et un homme, pour l’aider dans le dernier versant de sa vie. Ils ne se connaissent pas, ils ont chacun leurs tâches et leurs horaires – également leurs ombres et leurs blessures anciennes. Et le « miracle » survient : des liens indicibles se créent entre eux et chacun fait une place à l’autre, se communiquant mutuellement, sans en être conscient, l’élan qu’il faut pour continuer. Un hymne à la vie et en l’homme.
À l’écoute des sourds.
Dans la continuité de ses romans précédents, qui mêlaient déjà fiction, enquête et témoignage, Bertrand Leclair oscille, dans « Malentendus » (5), entre l’intime et le collectif. Il raconte, par la voix d’un narrateur, lui-même père d’un enfant sourd, l’histoire d’un couple dont le second enfant est sourd, de sa mère qui se renferme dans la culpabilité tandis que son père, un battant, se lance à corps perdu dans la défense et illustration des thèses oralistes de Graham Bell, le champion de « l’éradication de la surdité ». Pour le bien de son fils et, pourquoi pas, pour en tirer un livre. Incompris, le garçon va s’enfuir.
Alors que l’intrigue romanesque permet de dérouler en toile de fond l’histoire des sourds tiraillés entre communautarisme et assimilation, le livre prend toute sa force dans le fait que le narrateur – alias Bertrand Leclair, dont la fille est sourde – y est partie prenante et dit tout ce que le drame peut créer de malentendus dans une famille mais aussi tous les sous-entendus qui régissent nos actes en société.
Plaidoyer pour la différence
La différence est également au cœur de « Wonder » (6), un premier roman de R. J. Palacio, qui a rencontré un grand succès aux États-Unis lors de sa parution. Son héros est un garçon de 10 ans né avec une terrible malformation faciale. Scolarisé jusqu’alors à domicile, il affronte sa première année de collège. C’est lui qui raconte comment, en dépit de son « petit problème », qui ne lui attire que fuites, sarcasmes et autres méchancetés, il va s’armer de confiance et de courage pour se faire des amis. Un roman tous publics (il paraît simultanément en Pocket Jeunesse, à partir de 13 ans).
(1) Robert Laffont, 227 p., 19 euros.
(2) Stock, 94 p., 12,50 euros.
(3) Philippe Rey, 187 p., 17 euros.
(4) Actes Sud, 274 p., 20 euros.
(5) Actes Sud, 257 p., 21 euros.
(6) Fleuve noir, 408 p., 17,90 euros.
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