C’est un spectacle en deux mouvements. Le premier se donne dans un petit théâtre posé sur la scène de la salle dite « noire » du Lucernaire. Un petit théâtre de campagne, auprès duquel se tient, dans la pénombre, une violoniste, Muriel Raynaud. Elle intervient à quelques moments du spectacle, avec une grande finesse, et émeut.
Ivan Morane, qui connaît très bien Jean-Paul Farré, comédien excellent et fantaisiste qui a passé des années en compagnie d’un piano exalté, le met en scène. Il a imaginé cette scénographie et les lumières. Il dirige avec précision l’interprète hypersensible.
Le premier mouvement pourrait ressembler à une conférence. L’homme qui s’adresse à nous retient sa colère et nous martèle que la guerre de 14 a été perdue dès septembre, avec la bataille de la Marne. Il en tire des conclusions et dit tout ce qui ne serait pas advenu si… Il invente. Il réécrit l’histoire depuis l’attentat de Sarajevo et l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand. Il décrit les tergiversations diplomatiques. Parle d’une cathédrale de Reims sous autorité allemande. Il y a de la violence exacerbée dans ce moment grinçant, qui étonne, perturbe même. Jean-Paul Farré dédie son texte à ses deux grands-pères, mobilisés le 1er août 1914.
L’un d’eux est mort très tôt. Dans la deuxième partie, une rupture de ton. Plus de hargne, plus d’imagination, mais la cruelle vérité. Jean-Paul Farré raconte avec simplicité comment son ancêtre fut blessé et mourut quelques jours plus tard. Un récit bouleversant, avec un comédien au bord des larmes. Il tire de sa poche une balle. C’est la balle qui a tué son grand-père. Elle semble minuscule. Elle est minuscule. Et cela rend la tragédie d’autant plus dérisoire et insupportable.
Lucernaire, jusqu’au 3 décembre. À 18 h 30 du mardi au samedi, à 15 heures le dimanche. Durée 1 h 15. Le texte est publié aux Éditions Riveneuve/Archimbaud. Tél. 01.45.44.57.34, www.lucernaire.fr
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