« Le Jeu de l’amour et du hasard », de Marivaux

À la perfection

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Publié le 01/02/2018
Théâtre-Le jeu hauteur

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Crédit photo : PASCAL VICTOR

Théâtre-Le jeu largeur

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Crédit photo : PASCAL VICTOR

« Le Jeu de l’amour est du hasard » est l’une des plus célèbres et des plus parfaites pièces de Marivaux. Elle est relativement peu jouée, et c’est toujours un bonheur de la retrouver. Dans cette production d’un grand théâtre privé parisien dont le directeur, Jean Robert-Charrier, est décidément très audacieux, tout est fait pour le bonheur du spectateur et l’intelligence claire et subtile de la pièce.

Le décor, un jardin en été qui se déploie à l’entour de la façade classique d’un hôtel particulier, avec ses escaliers, sa galerie, ses hautes fenêtres. L’une d’elles, ouverte, laisse voir une violoncelliste, (Camille Gueirard ou Vérène Westphal), qui joue tandis que les spectateurs pénètrent dans la salle et marquera les articulations de la comédie en trois actes. C’est Goury qui a dessiné l’espace et Renato Bianchi, maître costumier de la Comédie-Française, qui a imaginé les somptueux et délicats atours des personnages.

Des atours que les quatre jeunes protagonistes s’échangent, puisqu’ils échangent leurs « personnages ». Monsieur Orgon (le sagace Alain Pralon) veut marier sa fille Silvia (Clotilde Hesme, aristocratique et fine) avec le fils de son meilleur ami. Le promis, Dorante (Nicolas Maury, tout en nuances), a décidé de paraître dans les habits de son valet Arlequin (Vincent Dedienne, formidable) et de confier son rôle à son valet, pour tester la belle. Mais elle a eu la même idée que lui ! Lisette (irrésistible Laure Calamy) en est grisée. Seuls Monsieur Orgon et son fils Mario (Cyrille Thouvenin, très juste) sont au courant de tout et vont observer et compliquer le jeu, comme s’en délecte férocement le frère de Silvia.

Catherine Hiegel donne un rythme vif, enjoué, à la représentation, sans en atténuer la cruauté. Elle dirige à la perfection les interprètes qu’elle a réunis. Dorante tombe sous le charme de la fausse Lisette, elle-même troublée par celui qui se fait appeler Bourguignon. Quant aux valets, chacun pense que quelqu’un qui n’est pas de sa condition le trouve à son goût… À la fin, c’est bien amèrement que la vraie Lisette et le vrai Arlequin retomberont dans le réel, tandis que les jeunes gens bien nés, eux, trouveront le monde bien fait…

 

 

Théâtre de la Porte Saint-Martin, à 20 heures du mardi au vendredi, samedi 17 heures et 20 h 30. Durée 2 h 05. Tél. 01.42.08.00.32, www.portestmartin.com

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9636