Un manuel de philosophie pouvait-il ne pas commencer par l'icône absolue, Socrate, que l'auteur place devant les lecteurs face à ses 501 juges, accusé de corrompre la jeunesse ?
On croit tout savoir de Socrate, allant dans les rues, vagabond impertinent, et que certains confondent vaguement avec Diogène. Socrate instaure une technique de dialogues, pas n'importe lesquels. Il demande à un général s'il peut définir le courage. Empêcheur de définir en rond, il est la torpille qui vient perturber les grands sachants. C'est sa façon de mourir qui fera de lui un symbole universel.
Heureusement, Socrate n'est pas l'objet d'une admiration absolue. Dans « les Nuées », Aristophane en fait un vieux fou, tandis que Nietzsche moque en lui le cuistre cherchant toujours à coincer son interlocuteur.
On dit couramment que « philosophie » signifie amour de la sagesse. Mais elle est autant amour du savoir. Une partie très intéressante du livre met en scène l'héliocentrisme de Galilée, qui, à l'aide de sa lunette astronomique, met à mal les dogmes de l'Église, pour laquelle on devait admettre que tout était immobile dans le ciel et que Dieu avait placé la Terre immobile au centre de l’Univers. Un décisif soutien viendra à Galilée de Descartes, le philosophe français réagissant à la condamnation de l'astronome italien – pourtant cautionné par le pape.
Doute et conscience du doute
C'est à l'intérieur d'un chapitre intitulé « Toutes les croyances se valent-elles ? » que Descartes écrit son « Discours de la méthode », publié en Hollande en 1637. Parfois considéré, à tort, comme un terrible pensum, le « Je pense donc je suis » – on dit « le Cogito » –, met en place la formidable machine d'un doute systématique. Nos sens nous trompent, ce que la vie quotidienne révèle à tout instant. Il ne faut donc garder que ce qui est incontestable, qui est la conscience même de douter. Ainsi est créée une philosophie du Sujet lui-même, qui mènera Descartes jusqu'à Dieu.
Toutes les croyances ne se valent pas, dit Jean-Paul Jouary, qui lève cette question, en particulier lorsque l'une découle d'une expérimentation et l'autre d'un catéchisme céleste.
« Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire », enjoignait Diderot. On peut noter que, de nos jours encore, la philosophie donne prise à une moquerie très « démago ». On la considère comme un obscur et prétentieux galimatias. Jean-Paul Jouary sait retrouver les querelles qui émaillent l'histoire de cette discipline. « Penser c'est dire non », disait Alain.
Jean-Paul Jouary, « Manuel de philosophie populaire », Flammarion, 320 p., 21 €
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