Le Mondial de l’Auto, du 18 au 23 octobre à Paris

À la recherche d'un nouveau souffle

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Publié le 14/10/2022
Couplé avec Equip Auto, le Mondial revient Porte de Versailles après quatre ans d’absence. Témoin d'une nouvelle façon de consommer l'automobile.
Alpine A110 R

Alpine A110 R
Crédit photo : DR

On avait presque oublié que la France organisait un Mondial de l’Automobile. Étalée sur six jours au lieu de 16, l’édition 2022 ne pourra logiquement pas atteindre le niveau de fréquentation d’il y a quatre ans (1 million de visiteurs), encore moins celui de 2004 (1,46 million). Autres temps, autres mœurs. L’époque où les constructeurs engloutissaient des sommes faramineuses dans des stands surdimensionnés n’est plus de mise. Internet, les réseaux sociaux, la publicité, les influenceurs, les expositions itinérantes et les journées portes ouvertes ont pris le relais du présentiel, devenu un mode de communication marginal.

Exfiltrée du hall 1, jadis préempté par les constructeurs majeurs, l’auto a trouvé refuge dans les pavillons 3-4 et 6. Signe que la voiture en tant qu’objet de culte est devenue minoritaire. L’absence de Citroën, fidèle converti en infidèle par économie, valide cette thèse. Jamais l’ancienne firme du quai de Javel n’avait manqué un rendez-vous dans la capitale. Au diable la tradition !

Heureusement, Renault, Dacia, Alpine, DS et Peugeot volent au secours de l’honneur national. Les concepts Dacia Manifesto et Bigster, le glissement du Jogger vers l’hybride, celui de la R4 vers l’électrique, l’intronisation du SUV Austral, successeur du Kadjar, le Kangoo E-Tech et la Mégane E-Tech électriques, les DS 3 et 7 restylées et la Peugeot 408 font figure de porte-drapeaux d’une industrie française en souffrance. À l’époque des « Juppettes » (1995), le marché français dépassait les 2,4 millions de véhicules annuellement. À la fin de l’exercice en cours, le seuil du 1,6 million sera péniblement atteint ! Une chute vertigineuse.

À l’exception de Tesla, les « riches », BMW, Mercedes, Audi, Aston Martin, Bentley, Rolls Royce, Ferrari, Lamborghini et Maserati, ainsi que les Japonais et les Coréens, ont eux aussi jeté l’éponge ! Une aubaine pour les Chinois et le Vietnamien Vinfast. Inconnus du grand public, ils débarquent avec les valises pleines de SUV et de modèles électrifiés. Pour eux ce sera open bar.

En vérité, le slogan adopté pour ce Mondial, qui fête ses 124 ans d’existence, « La Révolution is on » (la Révolution est en marche), sonne le creux. Un avis que Serge Gachot, le Directeur du Mondial, réfute vigoureusement : « Si l’on considère le nombre de constructeurs présents, ce n’est pas faux. Certains ont été conduits à faire des arbitrages. Mais la façon d’appréhender l’automobile a évolué. Le client est de moins en moins propriétaire de son véhicule. Il fait appel à des formules de location ou d’abonnement, au covoiturage. Au Mondial, il aura accès aux informations liées à ces pratiques. Ainsi les banques, les organismes de crédit, présents Porte de Versailles, sont devenus des acteurs majeurs du secteur automobile. Actuellement, l’automobiliste est un peu perdu. Il cherche la formule qui correspond le plus à ses besoins et à ses envies. Le Mondial va lui permettre de s’informer. Sur les financements, sur les nouvelles technologies, en particulier l’électrique et l’hydrogène, sur des aspects qu’il ne maîtrise pas encore. »

Pour étancher sa soif de curiosité, le visiteur pourra aussi accéder à une piste de kart électrique, à un centre d’essais, découvrir les microcars, saliver devant une collection de Ferrari d’exception et éventuellement passer commande de la voiture de son choix comme au bon vieux temps.

Le Mondial des grandes migrations où l’on se rendait en famille pour capter une part de rêve a vécu. La « bagnole » de papa et de grand-papa, héroïne des Trente Glorieuses, a cédé le pas au concept de mobilité. Un vocable fourre-tout où cohabitent tant bien que mal les deux et quatre roues, la trottinette électrique, le Vélib et les transports en commun. Revisité de fond en comble, le Mondial 2022, transformé en laboratoire d’idées, est à la croisée des chemins. Alors que Francfort, remplacé par Munich, sans grand succès d’ailleurs, et Genève ont disparu des écrans radar, Paris veut croire à sa bonne étoile. Reste à savoir si le visiteur mordra à l’hameçon.

Accusée de tous les maux de la création par des censeurs pas toujours bien inspirés et intentionnés, torpillée par la COVID et la pénurie des semi-conducteurs, l’automobile marche sur un fil. Stop ou encore ? Le Mondial 2022 est assurément celui de tous les espoirs et de tous les dangers.

Paris Expo Porte de Versailles, du 18 au 23 octobre, de 9 h 30 à 22 h 30 (dimanche 19 h 30), entrée avec créneau horaire d'arrivée à partir de 16 €, sans créneau horaire 30 €, de 7 à 17 ans 8 €, mondial.paris

Jacques Fréné

Source : Le Quotidien du médecin