LIVRES - Romans pour rire

La société spectacle épinglée

Publié le 03/05/2011
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L’artiste abandonné

Du dessin au cinéma (plus de 35 films sur des registres variés, dont « les Bronzés », « Monsieur Hire » ou « Ridicule ») et à l’écriture, Patrice Leconte n’en finit pas de séduire. Trois ans après « les Femmes aux cheveux courts », il récidive dans la comédie sentimentale poétique avec « Riva Bella » (1).

Le thème est tout simple : un artiste de music-hall en tournée estivale sur la côte normande est brutalement largué par sa femme et partenaire Suzie, partie avec un chanteur au look vaguement argentin. Et voici la famille éclatée (sa fille lui sera aussitôt enlevée par les beaux-parents) et la partenaire envolée. Comment assumer cet abandon, comment assurer le « Grand Show de magie avec Tony Garbo et Suzie » prévu chaque soir à 21 heures ? Puisque l’auteur est un bateleur, le spectacle va continuer avec l’alcool et le sexe comme adjuvants et une happy end rassurante. Mais le roman se situe plutôt dans un registre doux-amer de regrets de n’avoir pas assez dit « Je t’aime » et d’images de ces plages de la côte de Nacre où le temps semble s’être arrêté, et dont Patrice Leconte dit connaître chaque grain de sable.

Gepetto devient Pinocchio

Jean-Pierre Richard, l’auteur de « la Fille tombée d’un rêve », a choisi une autre façon originale d’épingler notre société spectacle. Le héros du « Syndrome de Gepetto » (2) est aussi, dans son genre, un artiste, qui, après avoir rêvé d’être un nouveau Giacometti, sculpte des personnalités politiques ou sportives pour un musée de cire ; tandis que sa femme, au lieu d’être actrice, présente la météo du week-end.

Son existence banale change lorsque le président d’une société japonaise qui fabrique des robots androïdes particulièrement sophistiqués, lui propose d’exercer ses talents pour créer des sosies de personnalités politiques du monde entier. Alors que le malheureux voit l’occasion d’exprimer pleinement son art, en étant grassement payé qui plus est, il se retrouve au cœur d’un (in)vraisemblable complot international qui met en jeu le sort du monde ! Une gentille fantaisie.

Pour accros

Pour info, signalons la parution, le 5 mai, de « Mini-Accro du shopping » (3), le sixième volet de la série initiée par Sophie Kinsella en 2002 avec « Confessions d’une accro du shopping ». Dans le précédent opus, Rebecca Brandon, alias Becky, attendait un bébé. Deux ans après – le compte est bon – elle est maman d’une petite Minnie de 2 ans orientée boutiques et achats… sous peine de terribles colères dévastatrices. Une nounou d’enfer et la crise financière en Angleterre suffiront-ils pour arrêter le tremblement de terre ?

Les matinales de la télé

Que vous ayez vu ou pas « Morning Glory », qui vient de sortir au cinéma (avec Rachel McAdams, Harrison Ford, Diane Keaton), vous serez curieux et amusés de lire le roman. Il est signé Diana Peterfreund, la scénariste du « Diable s’habille en Prada », qui est aussi un écrivain à part entière puisque « Morning Glory » (4) est son cinquième livre.

On quitte un magazine de mode pour entrer à la télévision. Plus précisément, dans les coulisses de la matinale « Daybreak », avec Becky Fuller, une jeune et passionnée productrice de journaux télévisés qui, parce qu’elle vient d’être licenciée et qu’elle n’a d’autre choix de travail, a pour mission de faire remonter l’audimat de la tranche horaire. Le problème n’est pas seulement qu’il faut se lever tôt : une émission médiocre plus un présentateur furibard de déchoir du reportage aux potins mondains et encore plus furibond de se voir coller une coanimatrice ancienne reine de beauté considérée comme la godiche de service, cela fait beaucoup pour notre héroïne… et l’occasion pour l’auteur de multiplier les scènes extrêmes où humour et amour ne font pas toujours bon ménage.

Rire à Radio Gaité

C’est à la radio, à RTL précisément, que Françoise Hamel a fait ses premières armes, avant d’investir la télévision, où elle a notamment préparé et écrit de nombreuses émissions littéraires et historiques. Parallèlement, elle a publié plusieurs romans, depuis « le Café à l’eau » en 1981 jusqu’aux « Forains du Roi » en 2010 en passant par « Fille de France », prix Cazès-Brasserie Lipp en 2005. « Magnéto » (5) nous ramène au temps de la radio des années 1980. Son héroïne est – peut-être à son image – une jeune Candide nommée Cotentin, qui arrive de son Cherbourg natal. Elle veut être écrivain mais se dit qu’à presque 30 ans, il est temps de se caser, de travailler. Alors qu’elle n’envisageait qu’un milieu culturel, elle est embauchée dans une radio populaire et chargée de faire raconter à des stars en tout genre, en deux minutes chrono et en direct, une anecdote ou un souvenir, n’importe quoi de vécu pourvu que cela émeuve. Elle est évidemment très vite sollicitée par le Tout-Paris, l’émission fait remonter la cote de Radio Gaité jusqu’à ce que, harcelée par Jean-Edern Hallier, il la place sans qu’elle s’en rende compte au cœur de la fameuse affaire des écoutes de l’Élysée.

Loin de la politique et avec une écriture d’une grande finesse, Françoise Hamel brosse un très agréable tableau de ces années médiatiques passées.

(1) Albin Michel, 204 p., 15 euros.

(2) Albin Michel, 238 p., 16 euros.

(3) Belfond, 19 euros.

(4) Fleuve noir, 292 p., 14,50 euros.

(5) Presses de la cité, 354 p., 19,50 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8954