Scapin a beau n’être qu’un valet, les comédiens qui le jouent s’accrochent dans nos mémoires, au fil, invisible et solide, de l’histoire des interprétations. Robert Hirsch, Daniel Auteuil, Philippe Torreton, aujourd’hui Benjamin Lavernhe.
Les trois premiers sont plutôt, physiquement, du côté d’Arlequin. Une vivacité, une légèreté physique. Ce qui n’a jamais empêché les metteurs en scène de souligner la noirceur des situations et tout ce qui est mystère dans ce personnage, venu de nulle part et recevant à la fin un méchant coup sur la tête qui peut le laisser comme mort. Comme Cyrano !
Benjamin Lavernhe, longue tige, teint clair de roux pâle, haut front, fait plutôt étudiant américain ! Mais dès qu’il enfile les chics guenilles signées Christian Lacroix, il est ce sacré manipulateur de Scapin, avec son intelligence intuitive, son goût du contrôle et cette joie de vivre, qu’un voile sombre recouvre parfois.
Scapin n’a pas de passé, mais il y a de la noblesse en lui, de la générosité, et un certain courage. Ce qui apparaît clairement dans le travail de Denis Podalydès, c’est que, pour aider la jeunesse à voir triompher ses amours, il se fait littéralement metteur en scène et directeur d’acteurs ! C’est Molière qui créa ce rôle et l’on voit comme jamais une troupe et son chef, sur les quais de cette Naples imaginaire.
On est à l’arrière des quais, derrière de méchantes palissades de bois, au pied d’une haute tour métallique flanquée d’une grue. Une trouée, au loin, laissera apercevoir un grand navire à voile, sur fond de ciel bleu. Voici donc la galère… Évidemment, le public en redemande : « Qu’allait-il faire dans (en, à) cette galère ? » Et le sac, voici le célèbre sac ! Sachez qu’il est un véritable protagoniste et que Géronte, excellemment dessiné par un Didier Sandre méconnaissable, sera violemment molesté…
Denis Podalydès signe un spectacle fluide. Il voit en Scapin un séducteur à la Dom Juan et un serviteur roublard à la Sganarelle. Benjamin Lavernhe excelle dans tous les registres et il est très bien entouré : Didier Sandre, donc, mais aussi Gilles David, Adeline d’Hermy, Gaël Kamilindi, entre autres.
Comédie-Française, en alternance, jusqu’en février. Durée 1 h 50. À 14 h 30 en matinée, à 20 h 30 en soirée. Programme et livret spécial pour les enfants. Tél. 01.44.58.15.15, www.comedie-francaise.fr
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