ORIGINAIRES du nord de la France, Marilyne et Bruno, de milieu modeste, arrivent dans un village de montagne, où ils louent un chalet à un couple apparemment très à l’aise. Ceux qui ont suivi l’affaire Flactif, du nom du promoteur immobilier assassiné en 2003 avec toute sa famille, au Grand Bornand, connaissent déjà la fin de l’histoire. Peu importe. Ce n’est pas le suspense qui intéresse Éric Guirado (« le Fils de l’épicier »), lui-même originaire de Haute-Savoie, mais la psychologie, « les rouages de la convoitise » chez ceux qui n’ont pas grand-chose et que la société de consommation « pousse à confondre les biens et le bien-être, le pouvoir d’achat et le bonheur ».
Ainsi résumée, « l’allégorie du monde dans lequel nous vivons » qu’a voulu signer le réalisateur peut apparaître naïve. Mais le film ne l’est en rien, brossant à petites touches et avec une grande subtilité les états d’âme de ses deux personnages principaux et leur évolution. Jérémie Rénier a grossi de 18 kg pour ce rôle (avant de remaigrir pour jouer Claude François), ce n’est qu’un des aspects de la métamorphose de cet acteur aimé des frères Dardenne, qui sait rendre presqu’attachant le beauf meurtrier qu’il incarne. Julie Depardieu, Lucien Jean-Baptiste et Alexandra Lamy forment avec lui un quatuor convaincant.
Dans « Elena », comme le titre l’indique, tout tourne autour de cette quinquagénaire d’origine modeste (Nadejda Markina) mariée à un homme riche. Elle a un fils d’un premier mariage, lui une fille. Le fils, au chômage, demande sans cesse de l’argent à sa mère, le dernier motif étant que son aîné échappe au service militaire (en Ossétie) et puisse aller à la fac. Là encore, l’argent sera le moteur de la tragédie. Zviaguintsev, pour son troisième long métrage après « le Retour », primé à Venise, et « le Bannissement », a voulu s’« attaquer à une idée maîtresse de notre époque : la survie et la recherche de son propre salut, quel qu’en soit le prix ».
Dans son film, c’est la caméra qui mène le récit, bien plus que les dialogues ou même les situations. Elle s’attarde sur les décors, la nature que l’on voit de la fenêtre ou les paysages, de plus en plus dégradés, que traverse Elena quand elle quitte son appartement cossu pour aller rendre visite à son fils dans son immeuble délabré, où les jeunes n’ont rien d’autre à faire que de se bagarrer jusqu’au sang. De longs plans séquences sont censés exprimer les états d’âme de cette femme qui parle très peu. Il faut accepter ce rythme, la frustration face à des personnages qui donnent peu matière à empathie. Pour la force du propos et la maîtrise de l’image, qui ont valu à Zviaguintsev le prix spécial du jury de la section Un certain regard, à Cannes.
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