JEAN BECKER n’est pas un cinéaste tout à fait comme les autres. Il ne tourne pas beaucoup : 12 films depuis « Un nommé La Rocca », en 1961 – dont « Un été meurtrier », « Effroyables Jardins », « Dialogue avec mon jardinier ». Il aime, dit-il, « faire un cinéma simple », dont la mise en scène « ne se remarque pas », pour ne pas détourner l’attention de l’histoire et des personnages, « avec chaque fois le même but : que les spectateurs de mes films ne ressortent pas tout à fait les mêmes que quand ils sont entrés dans la salle ». Et il choisit des thèmes qui ne sont guère à la mode, comme, pour « la Tête en friche », adapté du roman de Marie-Sabine Roger (éditions du Rouergue), les pouvoirs de la lecture.
C’est dire que le film, tourné dans une province où, aux yeux d’un citadin, le temps semble s’être arrêté il y a deux ou trois décennies, ne peut guère être comparé à la production actuelle. D’autant que, comme Becker « n’hésite jamais à couper », il dure moins d’une heure et demi (1 heure 22).
Tout est dans la rencontre des deux personnages principaux autour du bonheur de lire et de l’observation des pigeons : lui, quinquagénaire inculte mais pas si bête, elle, nonagénaire qui n’a plus qu’un plaisir, les livres, et est en passe de le perdre. On aurait du mal à croire à cette amitié – et à la conversion de l’ours mal lêché – , n’étaient les deux interprètes. Gérard Depardieu ne peut faire abstraction de sa forte silhouette et de sa non moins forte personnalité mais se dédouble, en quelque sorte : on voit en même temps notre Gégé national et Germain, « accroché à certaines valeurs et à la vie alors qu’il a été bousculé de partout », comme dit l’acteur. Quant à Gisèle Casadesus, dont la carrière a commencé en 1934, à 20 ans, à la Comédie-Française et au cinéma, on peut dire, sans se moquer, qu’elle fait le poids, malgré sa fragilité physique, face au monstre sacré.
On reste peut-être sur sa faim de cinéma mais pas de vérité humaine.
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