Dans l’unique trilogie des chanteuses de jazz, il y avait Ella Fitzgerald, la parfaite ou la sérieuse, Sarah « Sassy » Vaughan, la divine, et Billie Holiday (née Eleanora Fagan le 7 avril 1915, décédée le 17 juillet 1959), l’écorchée vive. Lady Day, ainsi surnommée par son grand amour platonique, le saxophoniste-ténor Lester « Prez » Young (1909-1959). À l’occasion du centenaire de sa naissance, elle fait l’objet de plusieurs célébrations.
En premier lieu, un livre, « Vivre cent jours en un » (Stock, 240 p., 19 euros), de Philippe Broussard. Rédacteur en chef du service « Enquêtes » à « L’Express », prix Albert Londres en 1993, l’auteur s’est attaché à retracer les dernières étapes de l’ultime tournée européenne de la chanteuse, à l’automne 1958, quelques mois avant sa mort. Entre Milan, où les concerts ont été un désastre, et Paris, où elle s’est produite à l’Olympia et surtout dans un petit club proche des Champs-Élysées, le Mars Club, tenu par un couple d’Américains et fréquenté par une grande partie du Tout-Paris intellectuel. Un dernier endroit magique pour faire revivre le mythe alors déclinant d’une femme, toujours belle et attirante mais rongée par l’alcool et les drogues, parfois très dures, offertes par ses « amis » musiciens. Philippe Broussard a retrouvé les derniers témoins de cette époque pour écrire un récit magnifique et poignant, recomposer sans pudeur un univers si particulier et entraîner le lecteur jusqu’au bout des nuits blanches et arrosées d’une des grandes divas de la musique afro-américaine.
Columbia (Sony Legacy) vient d’éditer « Lady in Satin - The Centennial Edition », un luxueux coffret de 3 CD qui comprend l’intégralité des séances d’enregistrement, soit plus de deux heures de musique inédites, de l’avant-dernier album, pathétique et controversé, voire maudit, de Billie Holiday, gravé en février 1958, alors qu’elle est en grande souffrance physique. La belle voix suave de la chanteuse au timbre si émouvant a alors perdu beaucoup de son éclat (déraille ? défaille ?). Pour ces sessions, gravées la nuit entre 23 h 30 et 2 h 30, la diva a fait appel à un orchestre à cordes, conduit par Ray Ellis, en plus de quelques fidèles comme Mal Waldron, répertorié comme le dernier pianiste de Billie, et Milt Hinton (contrebasse). Un disque absolument bouleversant historiquement mais légèrement sirupeux dans ses arrangements. Cerise sur le gâteau : un extrait d’une répétition pour l’émission télévisée « The Sound Of Jazz », en décembre 1957, réunissant notamment des pointures du saxe-ténor comme Lester Young, Coleman Hawkins et Ben Webster.
À noter la parution le 27 avril d’une compilation baptisée « This is… Billie Holiday » (Decca/Universal, 2 CD), regroupant les années Commodore – c’est pour ce label que, en 1939, l’icône enregistre le fameux et mythique « Strange Fruit » – et Verve et rassemblant les incontournables standards de la chanteuse, comme « Body and Soul » et « Lady Sings The Blues ». Le tout soutenu par des accompagnateurs hors pair.
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