AU MATIN du 12 e et dernier jour du festival de Cannes, « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures », le film du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul qui devait remporter la palme, n’avait toujours pas de distributeur en France. On oublie souvent, du côté du fauteuil de spectateur, que le cinéma est une industrie non moins cruelle que d’autres et que création et argent font souvent ménage difficile. Heureusement pour les amateurs qui voudraient partager le goût du jury de Tim Burton pour cette méditation poétique, loin de notre univers occidental, la société de distribution Pyramide s’est décidée à ce moment, quelques heures donc avant le palmarès, et y a gagné sa première Palme en vingt ans d’existence. Pyramide est repartie comblée du festival puisqu’elle avait aussi acquis le prix du jury, « Un homme qui crie », du Tchadien Mahamat-Saleh, et, en novembre dernier, dès la sortie de la projection, la Caméra d’or (premier film), « Année Bissextile », de Michael Rowe.
Images d’automne.
« Oncle Boonmee » devrait apparaître sur les écrans français le 1 er septembre. Le choix de la date de sortie est capital, car le succès se joue souvent dans les premiers jours et, si la concurrence est forte, l’échec guette les films difficiles. Comme les uvres en compétition à Cannes sont rarement très grand public, par leur sujet comme par leur facture, elles sont souvent programmées à la rentrée. Cette année, seuls « Copie conforme », d’Abbas Kiarostami avec Juliette Binoche, prix d’interprétation, et « Tournée », de Mathieu Amalric, prix de la mise en scène, se lancent avant l’été. Le premier est déjà sur les écrans, avec un joli succès pour sa première semaine (70 800 spectateurs), le deuxième, avec ses attachantes stripteaseuses du New Burlesque, fera son entrée le30 juin.
Pour découvrir « Des hommes et des dieux », la belle évocation-réflexion de Xavier Beauvois sur les moines de Tibéhirine, qui a décroché un mérité grand prix du jury, il faudra attendre le 8 septembre. Les prix d’interprétation masculine n’apparaîtront que plus tard : Javier Bardem, remarquable dans le troublant « Biutiful », d’Alejandro González Iñárritu, le 20 octobre, et Elio Germano, émouvant dans « la Nostra Vita », de Daniel Luchetti, le 22 décembre (à film tire-larmes avec enfants, période de Noël !). Quant à « Poetry », du Coréen Lee Changdong, reparti avec un prix du scénario alors qu’il aurait pu prétendre à la palme d’or, sa date de sortie n’est pas fixée.
Parmi les aléas que peuvent subir les films, il faut citer l’interdiction en Iran de « Copie conforme ». Le film n’est « pas mauvais », a reconnu le vice-ministre iranien de la Culture, mais il ne peut être diffusé dans le pays « en raison de l’habillement de Juliette Binoche ». Comme cette dernière n’est à aucun moment dévêtue et le plus souvent habillée d’une robe qui descend au-dessous des genoux, on peut en déduire qu’il s’agit de représailles contre le festival pour avoir osé prendre la défense du cinéaste Jafar Panahi. Ce dernier, jeté en prison pour avoir l’intention de faire un film sur les manifestations anti-Ahmadinejad, a finalement été libéré deux jours après la fin du festival. « Lorsqu’un réalisateur, un artiste est emprisonné, c’est l’art dans son ensemble qui est attaqué », avait notamment déclaré Kiarostami, dont c’était le premier film tourné hors d’Iran mais pas le premier à être interdit dans son pays, où il continue à vouloir résider et travailler.
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