Laurent Seksik a consacré plusieurs livres à Stefan Zweig. Des livres qui ont connu un grand succès, comme tous les ouvrages de l’écrivain lui-même, qui exerce un ascendant très profond sur notre époque.
« Le Monde d’hier » est l’un de ses livres les plus importants et impressionnants. Il l’écrivit parce qu’il n’avait plus d’autre choix. Ce n’est pas son propre destin qui importe à celui qui devait se suicider en 1942, à Pétropolis, au Brésil. C’est le destin de toute une génération qu'en « qualité d’Autrichien, de Juif, d’écrivain, d’humaniste et de pacifiste » Zweig, né en 1881, entreprend de raconter.
Le monologue construit par Laurent Seksik, très fluide, donne le sentiment du naturel, de la vérité. Il s’appuie sur la traduction de Jean-Paul Zimmermann (Belles Lettres éditeur) et réussit à condenser sans l’affaiblir la parole de l’écrivain. Le spectacle se donne sous le signe de la sobriété. Une mise en scène très discrète mais précise de Patrick Pineau, qui dirige son camarade depuis le Conservatoire, Jérôme Kircher. Pas ou presque pas de décor, des lumières un peu sourdes (Christian Pinaud), un grand rideau à larges plis qui ferme, en biais, le plateau. On distingue parfois de la musique, très loin, des sons. Et, c’est devenu tellement rare que nous le soulignons, c’est la voix nue de l’interprète, sans aucun micro que l’on écoute, et qui nous touche d’autant plus.
Il a des vêtements d’aujourd’hui, très simples. Mais c’est un interprète très fin, très intelligent, très rigoureux. Il a un timbre très bien accordé à ces souvenirs, à ces considérations mélancoliques et lucides. On est suspendu à ce qu’il dit. Et ce qui est le plus frappant, c’est que, par-delà ce qu’il évoque de ce temps révolu, de la Vienne brillante de la jeunesse de Zweig, puis de la terrible montée du nazisme, puis des atrocités, des exils, des angoisses, des interrogations, tout cela nous semble concerner, aujourd’hui plus que jamais, notre époque, notre présent. Ce n’est pas la moindre vertu de ce moment bref et d’une profondeur fascinante. À écouter, à voir absolument.
Théâtre des Mathurins, à 19 heures du mardi au samedi et le dimanche à 15 heures. Durée : 1 h 10. Tél. 01.42.65.90.00, www.theatredesmathurins.com.
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