Célébrations et nouveauté

Le piano donne le rythme

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Publié le 17/11/2020

Dans toutes les configurations (solo, duo, trio, quartet et plus), le piano cultive son art du rythme. Exemples avec quelques adeptes du tout-terrain.

* La carte de visite du pianiste Philippe Milanta comporte des noms prestigieux. De personnalités comme Barney Kessell, Joe Newman, Ted Curson, à la chanteuse Cassandra Wilson, en passant par Maxim Saury, Didier Lockwood, André Ceccarelli, Claude Tissendier et Nicole Croisille. Sans oublier sa participation régulière à quelques-uns des meilleurs grands orchestres de l'Hexagone. Et sans oublier, surtout, un admirable travail en tant que leader, avec très souvent des clins d'œil à ses mentors, Duke Ellington, Count Basie ou Ahmad Jamal.

Duke Ellington et Thelonious Monk sont convoqués dans « 1,2,3,4 ! » (Camille Productions/Socadisc), son nouvel album, dans lequel, cependant, les compositions personnelles (onze en tout !) occupent l'essentiel de l'espace musical. Avec des complices en complète osmose, tels l'excellent Thomas Bramerie (contrebassiste) et les batteurs/percussionnistes Leon Parker et Lukmil Perez, il évolue du solo au duo et au trio, voire 4tet, et explore, avec délicatesse et inspiration, des thèmes qui portent en eux les contrastes, les ambiances et les nuances propres au jazz et à sa richesse expressive. Un CD remarquable.

Stride & Swing

* Depuis son apparition dans les bouges de La Nouvelle-Orléans, le jazz n'a cessé d'être traversé par des courants et des styles. Il y a un siècle à Harlem, le piano stride, cousin du ragtime, faisait fureur chez les pianistes. Ils s'appelaient Eubie Blake, James P. Johnson (le père du genre), Thomas « Fats » Waller ou encore Willie « The Lion » Smith.

Cent ans après, cette pratique instrumentale particulièrement délicate connaît toujours une certaine popularité dans le milieu du jazz dit « traditionnel ». Guillaume Nouaux est l'un des gardiens de la flamme. Ainsi, pour « Guillaume Nouaux & The Stride Piano Kings » (GN), le batteur, qui a accompagné notamment Cécile McLorin Salvant, Chuck Berry et Steve Lacy, a réuni quelques-uns des meilleurs spécialistes du style : Louis Mazetier, le plus connu des héritiers hexagonaux du style, et Alain Barrabes (France), Luca Filastro et Rossano Sportiello (Italie), Harry Kanters (Pays-Bas), Bernard Lhotzky (Allemagne) et Chris Hopkins (USA). De belles leçons de la main gauche et de swing sur des standards impérissables.

* Le swing justement ! Une notion souvent, voire toujours, ignorée par la jeune génération, qui préfère dupliquer des clones. Mais qui est le moteur de la musique d'Arnaud Labastie. À la tête de son trio, augmenté de souffleurs (saxophones & trombone), le pianiste basque vient de graver « Swingin' Bayonne » (Black & Blue/Socadisc). Un disque au répertoire plus que varié, allant de standards à des emprunts inattendus à Stevie Wonder, Jean-Jacques Debout (« Capitaine Flam ») et Loulou Gasté. Et surtout à beaucoup de clins d'œil à des maîtres comme Monty Alexander et Ahmad Jamal.

Le swing comme esthétique commune et comme joie de vivre. Une potion magique pour ces temps troublés.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin