APRÈS AVOIR signé le remarqué « Home », avec Isabelle Huppert, « un film horizontal le long d’une autoroute », Ursula Meier a eu envie « de réaliser un film vertical rythmé par le mouvement incessant entre le bas et le haut ». En haut, la station de ski chic fréquentée par les riches, en bas une plaine industrielle et ses HLM. Simon, 12 ans, vit en bas mais passe son temps en haut, volant skis et équipements divers qu’il revend ensuite tant bien que mal pour assurer sa subsistance et celle de sa grande sœur, qui vient de perdre son travail.
À la fois film réaliste et fable, « l’Enfant d’en haut » ne s’embarrasse pas de détails biographiques, de récits parallèles, de descriptions sociales, d’explications psychologiques. Tout est centré sur le garçon, ses allées et venues, sa fascination pour le monde d’en haut, sa débrouillardise pour survivre dans celui d’en bas. « Comme dans "Home", explique encore la réalisatrice, je filme une famille en lutte contre le reste du monde. Une entité qui a inventé son propre mode de fonctionnement : une règle du jeu tacite, toute en non-dits. » Même si certaines choses sont dites, qui changent le regard que l’on a sur ce duo familial, c’est dans les situations et la façon de filmer que réside la force du film.
Il s’achève avec la fin de la saison de ski, la fermeture du restaurant d’altitude, comme un décor de cinéma que l’on démonte. Le garçon a changé. Kacy Mottet Klein, qui l’incarne, était déjà dans « Home » et, dans « Gainsbourg - Une vie héroïque », jouait le chanteur jeune. Il est impressionnant. Léa Seydoux, qu’on vient de voir dans « les Adieux à la reine », est efficace dans un rôle aride.
Les montagnes (un ensemble de lieux, Ursula Meier ne voulait pas d’une station identifiable) sont aussi montrées de manière à apporter leur part de significations. Un film fort.
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