* Dernier des grands prix d’automne, l’Interallié a été décerné à Mathieu Palain pour son deuxième livre, « Ne t’arrête pas de courir » (l’Iconoclaste), écrit après qu’il a rencontré pendant deux ans en prison Toumany Coulibaly, athlète champion de France des 400 m en salle et cambrioleur récidiviste. Au cœur de son interrogation : pourquoi certains s’en sortent – Coulibaly est né comme lui dans une banlieue en 1988 – et d’autres pas.
* Après avoir figuré sur presque toutes les listes de prix, Abel Quentin a finalement reçu le Prix de Flore pour un deuxième roman acide et drôle, « le Voyant d’Étampes » (L’Observatoire). Il y retrace les déboires d’un universitaire qui, au terme d’une carrière assez terne et alors qu’il n’a jamais failli à son engagement à gauche, déchaîne la haine des réseaux sociaux. Il est accusé de ne pas répondre aux critères de la culture « wok », parce qu’en publiant la biographie d’un auteur américain, il a vu en lui le poète avant le noir.
* Le prix Goncourt du premier roman a été décerné à Émilienne Malfatto pour « Que sur toi se lamente le tigre » (Elyzad), la dernière journée d’une jeune Irakienne qui va être tuée par son frère parce qu’elle est enceinte avant le mariage ; les siens approuvent en pleurs et en silence ce crime censé laver l’honneur de la famille. La lauréate, photojournaliste de 32 ans, a également reçu le prix Albert-Londres 2021 pour son essai d’investigation, « les Serpents viendront pour toi. Une histoire colombienne », sur les disparitions de leaders sociaux en Colombie.
* Les jeunes lecteurs ont aussi décerné leurs prix. Le Goncourt des lycéens à Clara Dupont-Monod, déjà récompensée par les prix Femina et Landerneau, pour « S’adapter » (Stock), l’histoire d’une famille dans laquelle naît un enfant lourdement handicapé, racontée par sa fratrie. Le Renaudot des lycéens à Anne Berest pour « la Carte postale » (Grasset), une enquête, à partir d’une missive anonyme, sur l’histoire de sa famille maternelle, les Rabinovitch, morts à Auschwitz, sauf sa grand-mère Myriam, qui a échappé à la déportation. Et le Femina des lycéens à Ananda Devi pour « le Rire des déesses » (Grasset), une course-poursuite menée, dans une ville pauvre du nord de l’Inde, par une prostituée et une transsexuelle pour retrouver une petite fille kidnappée par un homme de Dieu qui voit en elle la réincarnation de la déesse Kali.
* La Belgique est à l’honneur via le Prix Wepler et son lauréat Antoine Wauters, qui a fait sensation avec « Mahmoud ou la montée des eaux » (Verdier), composé entièrement en vers libres. Un vieil homme navigue sur le lac qui, pour la construction du barrage de Tabqa, en Syrie, a englouti son village natal ; il plonge pour retrouver ses souvenirs d’enfance, sa famille ainsi que sa liberté et la paix du pays. Une mention spéciale a distingué « la Semaine perpétuelle » (éd. du Sous-sol), dans lequel Laura Vasquez évoque les internautes et leur univers, où toutes les choses du monde peuvent parler.
* Professionnels et public ont donné leurs palmarès. Le Prix des Libraires est revenu à Miguel Bonnefoy, de père chilien, de mère vénézuélienne et qui écrit dans la langue de ses études, le français, pour « Héritage » (Rivages) : une saga familiale, des coteaux du Jura jusqu’aux geôles de Pinochet, en traversant les deux guerres mondiales. Le Prix des Inrockuptibles à Christine Angot, déjà lauréate du prix Médicis pour « le Voyage dans l’Est » (Flammarion), dans lequel elle revient sur les mécanismes de l’emprise d’un père incestueux, le silence de la société et des proches, la sidération de la petite fille qu’elle était. Le Prix du Livre Inter à Hugo Lindenberg pour « Un jour ce sera vide » (Christian Bourgeois) : un garçon de 10 ans solitaire et mal aimé se rapproche d’un autre garçon qui est son miroir opposé, l’image du bonheur dans une famille idéale. Le Grand prix des lectrices de « Elle » à Colum McCann pour « Apeirogon » (Belfond) : un Palestinien et un Israélien victimes du conflit qui oppose leurs pays, tentent de survivre après la mort de leurs enfants respectifs et s’allient pour susciter le dialogue. Le Prix du roman Fnac à Jean-Baptiste del Amo pour « le Fils de l’homme » (Gallimard), qui explore la question du déterminisme social et familial : dans le huis clos d’une nature hostile et inquiétante, un homme étend son emprise sur son ex-compagne et leur jeune fils
* Le Prix de la littérature arabe a été décerné à l’écrivaine et universitaire omanaise Jokha Alharthi pour « les Corps célestes » (Stéphane Marsan), qui fut le premier roman de langue arabe à être récompensé par l’International Booker Prize, en 2019. L’auteure évoque, à travers les amours et les deuils de trois sœurs et de leur famille, les mutations qui transforment la société omanaise et l’émancipation du pays.
* Une dernière idée de cadeau qui fera plaisir ? Le Prix littéraire 30 millions d’amis, plus couramment appelé le Goncourt des animaux, qui récompense depuis 1982 un ouvrage qui met à l’honneur des animaux. Il a été attribué à Vincent Maillard pour son roman « l’Os de Lebowski » (Philippe Rey), l’histoire d’un jardinier et de son chien, venus travailler sur la propriété d’une famille un peu trop parfaite et mystérieusement disparus.
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