Émile Parisien et Laurent Bardainne

Le saxo version française

Par
Publié le 18/02/2022

La jeune génération de saxophonistes français oscille entre ancrage et hybridation mélodique, parfois onirique.

Laurent Bardainne

Laurent Bardainne
Crédit photo : AGNES DHERBEYS

* Le saxophoniste-soprano et compositeur Émile Parisien, associé à quelques-uns des meilleurs représentants du jazz américain (Theo Croker, trompette, Joe Martin, contrebasse, et Nasheet Waits, batterie) et européen (Roberto Negro, piano, Manu Codjia, guitare), propose dans « Louise » (ACT Music) une nouvelle approche de ses aspirations et inspirations. Si l'on excepte « Madagascar », écrit par Joe Zawinul (1932-2007), l'emblématique claviériste de Weather Report, les compositions du leader (dont une suite en trois mouvements baptisée « Memento ») et de ses acolytes reflètent une atmosphère musicale plus apaisée, et peut-être moins fougueuse, avec cependant par moments une forte intensité créatrice.

Est-ce l'approche de la quarantaine (en octobre) qui rend cet enfant de Jazz In Marciac plus serein, plus lyrique, plus contrôlé ? Toujours est-il que, s'il laisse toujours beaucoup de place à des soli parfois endiablés et toujours généreux, le contact et l'engagement avec ses alter ego transatlantiques – surtout l'incroyable et fascinant Theo Crocker – changent sa donne stylistique et émotionnelle. Appuyée dans son ancrage par les riffs mordants et incisifs de Manu Codjia. Un pont entre deux meilleurs des mondes qui offre à Émile Parisien de nouveaux horizons.

* Si certains, par souci d'originalité et personnalisation à outrance, proposent souvent des projets sans grand intérêt, Laurent Bardainne a choisi une tout autre voie, la mélodie. Celle, joyeuse, que l'on peut fredonner, écouter sans se torturer les méninges et qui trotte dans la tête toute la journée. Ainsi, son nouvel opus, « Hymne au soleil » (Heavenly Sweetness/L'Autre Distribution), porte bien son titre.

Le saxophoniste ténor-compositeur a réuni son groupe Tigre d'Eau Douce (Arnaud Roulin, orgue/synthétiseur, Sylvain Daniel, basse, Philippe Gleizes, batterie, Roger Raspail, percussions) et des invités, parmi lesquels un digne héritier d'Alain Bashung, Bertrand Belin. Mais c'est en invoquant les esprits du jazz spirituel (Pharoah Sanders) et du jazz mélodique (Leandro « Gato » Barbieri) que le leader, au son de velours parfois rugissant, parvient à réaliser une parfaite synthèse en décloisonnant les genres. Mention spéciale pour deux titres captivants, « Oh Yeah », qui ouvre l'album, et « Oiseau » (avec au chant Bertrand Belin) qui le clôt. Laurent Bardainne sera en concert le 16 mars à La Cigale à Paris.

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin