* « Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude », chantait Georges Moustaki… Pour les autres, ceux qui la fuient à tout prix, la journaliste Véronique Aïache, habituée des petits ouvrages prônant « L’Art de… », fait aujourd’hui un « Éloge de la solitude » (1) particulièrement adapté au contexte actuel. À condition de transformer l’isolement et le repli sur soi en solitude et repli en soi. Elle ne manque pas d’arguments et a même préparé un petit guide de pratiques en solitaire !
* Auteur de quantité de romans sur commande, Gilles Legardinier est aussi un écrivain très personnel et très apprécié (de « Demain j’arrête ! » à « Pour un instant d’éternité »). Le narrateur d’« Une chance sur un milliard » (2) apprend que, atteint du syndrome d’Emerson, que les médecins ne savent pas traiter, il ne lui reste qu'un an à vivre (Internet nous rappelle que le philosophe Ralph Waldo Emerson a développé l’idée qu’il faut avoir confiance en soi-même et se dégager des formatages que nous impose la vie en société pour s’épanouir). Il va donc passer ce sursis à faire la paix avec son passé et examiner ses comportements actuels, afin de décider de ce qui compte réellement dans sa vie. Aucun pathos, mais beaucoup d’émotion et de rire, les deux marques de fabrique de l’auteur, maître ès empathie.
* L’écrivain suédois Björn Larsson, également maître de conférences en français à l’Université de Lund et navigateur émérite, n’a pas situé « le Choix de Martin Brenner » (3) dans le milieu maritime, comme il l’a souvent fait (« le Cercle celtique », « Long John Silver », « le Capitaine et les rêves », prix Médicis étranger en 1999). Généticien et directeur d’un laboratoire, heureux dans la vie, le héros apprend à la mort de sa mère que celle-ci était juive et survivante des camps. Ne sachant s’il doit affirmer sa judéité, sans en parler à personne, il multiplie ses recherches sur l’identité juive et les croise avec les recherches en génétique qu’il mène. Quand son secret sera révélé, il en subira les conséquences familiales, professionnelles, amicales et sociales. Une interrogation sur ce que nous voulons être dans notre vie intime et aux yeux de la société et la possibilité de rester libre dans ce choix.
Entre parenthèses
* Marie Robert est professeure de français et de philosophie, cofondatrice de deux écoles Montessori, auteure de « Kant tu ne sais plus quoi faire… » et « Descartes pour les jours de doute », et animatrice d'un podcast et d'un compte Instagram intitulés « Philosophy is sexy » très suivis. Hors des chemins battus, elle nous entraîne en Grèce dans les traces de l’épouse fidèle d’Ulysse. Loin de la mythologie, son odyssée moderne campe une Pénélope de 30 ans qui vient de rompre et de démissionner et qui ne sait plus qui elle est, où aller et pourquoi. « Le Voyage de Pénélope » (4) est donc un cheminement à travers elle-même, un divertissant périple sous un prétexte anodin, traversé par les pensées de 9 philosophes, de Platon à Nietzsche. L’histoire d’un affranchissement.
* Christine Jordis, spécialiste de la littérature anglaise, a transposé « Raison et Sentiments » de Jane Austen, qui opposait les concepts de vie de deux sœurs, l’une prônant la modération et l’autre l’audace, dans notre époque dominée, selon elle, par la tyrannie du nouvel ordre moral. Avec « Prudence et Passion » (5), on entre ainsi dans un vaste débat, dans lequel Elena et Marianne discutent et disputent maints sujets de société. Avec en conclusion ni retrait complet du monde ni indifférence, mais « une mise entre parenthèses du présent – le temps de retrouver le goût de la solitude, du silence et de la réflexion. Et notre capacité de juger ». Pour l’auteure, c’est là le meilleur mode d’emploi « pour s'efforcer d’être le moins malheureux possible ».
(1) Flammarion, 151 p., 9,90 € (2) Flammarion, 430 p., 21 € (3) Grasset, 462 p., 24 € (4)Flammarion, 260 p., 19 € (5) Albin Michel, 377 p., 21,90 €
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